Vide

13 août 2008 à 0:08

Je me sens toute vide… et c’est pas très normal. Ou disons que ça faisait longtemps que ce n’était pas arrivé.

Il ne s’est pas passé un instant, ces dernières années, sans que je ressente quelque chose. Le plus souvent c’était négatif (dépression, désespoir, colère, haine, découragement, fatigue…), mais il y a évidemment parfois eu du positif (amour, motivation, envie de vivre…). Mais globalement il se passait toujours quelque chose. Je n’avais pas le temps de me sentir vide. Le plus approchant, c’était l’épuisement…
Et puis là, c’est mon 6e jour de vacances, et je suis confrontée à l’immense vacuité de mes sentiments. Je ne ressens rien. Rien ne m’intéresse complètement.

D’abord, qu’est-ce que c’est que des vacances ?
Sitôt que j’ai des jours de congés, qu’est-ce que je fais ? Rien. Je ne sais pas me reposer, je me remets en mode glandage, et comme le mode glandage, c’est que je faisais dans les pires moments, j’ai l’impression de revenir en arrière au lieu de vraiment décompresser. Ça me stresse parce que ça me ramène à une autre époque. D’ailleurs les vacances c’est tellement pas pour moi, que j’en perds le sommeil. Je m’occupe mais rien ne me réjouit. Quand je prends la décision d’arrêter de m’occuper et de me détendre, je finis par glander. C’est infernal. Il n’y a là-dedans aucune satisfaction.
Je me dis que je devrais sortir… mais pour sortir où, faire quoi, voir qui ? Je n’ai aucun repère. Je n’ai plus affronté le dehors depuis des années, si jamais je l’ai un jour déjà affronté.
J’ai envie de m’extirper de ma condition et je reste désespérément moi-même. Enfermée.

Je tourne en rond et je n’arrive même pas à m’en vouloir pour ça. Je vivote. Ça ne rime à rien. Et demain je retournerai au travail avec cette frustration énorme de n’avoir pas profité de mes vacances.
J’ai déjà eu 5 ans de vacances, et je n’en voulais pas. Bah j’avais raison de ne pas en vouloir, je n’arrive pas à en faire quelque chose. Je ne me relaxe pas, ça me stresse. Je cherche à passer un bon moment et je ne sais pas le faire, ou disons que ma façon de le faire ne me satisfait plus.

Au 1er septembre je vais changer de vie, mais je serai toujours la même, et ça m’exaspère. Je ne sais pas comment évoluer aussi. Je sais à quoi je voudrais que ma vie ressemble mais je n’ai aucune idée de comment je pourrai m’y glisser.
Les heures filent et je ne parviens pas à me détendre. Je stresse de voir la journée filer et que rien de vraiment relaxant ne se soit produit.
Je sais pourtant que personne n’ira me chercher chez moi, et que c’est à moi de lier de nouvelles relations. Mais rien à faire, je ne sais pas sortir de là.

La porte de la cage est ouverte et c’est même pas que j’ai peur, je ne sais juste pas sortir, parce que je ne sais pas quoi faire dehors.

Alors les chiffres se suivent sur l’horloge de l’ordinateur ou du magnétoscope, et je me vide de ma sève. Et merde.

Où sont passées les grandes tragédies du passé ? Si au moins j’avais quelque chose à pleurer, je sens que ça irait mieux. Mais je ne sais plus me provoquer que des larmes artificielles, devant telle série ou telle chanson. Je n’ai rien sur quoi pleurer. Je me sens vide sans tout ce qui m’accablait avant.
Je n’arrive pas à croire que je ne ressente plus ces douleurs simplement parce que j’ai le sentiment de changer de vie dans quelques jours. C’est juste un travail, au nom du ciel ! Pourquoi ai-je tellement l’impression que ça va transfigurer mon existence ?
Et pourquoi ai-je l’impression que les jours qui me séparent de mon nouveau travail, le dernier d’une certaine façon, sont une antichambre ?

Je ne suis pourtant pas arrivée quelque part, c’est juste le début. Il y a le début de ce poste,commençant par une semaine de formation, puis un an avant la titularisation si je l’ai, et ensuite je me chercherai un appart, et dans trois ans je pourrai demander un autre poste, plus intéressant, et puis il y aura toujours des étapes, ce n’est pas fini, mais rien à faire, j’ai l’impression d’attendre de toucher au but au 1er septembre, et dans l’intervalle, rien n’a de sens, et surtout pas moi.
Je pense que si j’étais au boulot, ça ne serait pas très différent ; d’ailleurs j’ai pris des jours de congés parce que lundi dernier je n’avais rien à faire et je me contentais d’écouter de la musique, ça m’a frustrée et je me suis dit « si c’est pour faire ça, j’ai pas de raison de me faire payer, je prends des jours », mais demain j’y retourne et ça va être de nouveau ça, et ça m’angoisse aussi.

Je crois que… JE SUIS DEVENUE ACCRO AU BOULOT !!!
Dés que je n’ai plus de rythme de travail infernal, je dépéris. Comment j’ai pu devenir comme ça en quelques mois ? Comment ce boulot a pu emplir ma vie à ce point ?
Est-ce que le suivant me donnera la même satisfaction ?
Pourquoi ai-je besoin de travailler pour goûter mes loisirs ?
Comment expliquer que je ne m’éclate jamais autant sur TP ou dans mes autres projets que quand j’ai déjà eu une semaine de travail éreintante ?
C’est ridicule !
Pourquoi suis-je vide juste parce que ma liste de tâches l’est aussi ?
Je ne suis donc que ça ? Un petit animal de cirque qui se morfond dans sa cage entre deux représentations ?

Mais attendez, je ne veux pas avoir besoin de mon travail pour exister ! Je refuse d’avoir besoin de ça ! C’était normal quand je n’en avais pas, c’était un manque, il y avait un déséquilibre, mais comment ça peut me manquer autant maintenant ? Six malheureux petits jours ? Non c’est impossible ! Il faut que je fasse quelque chose ! Il faut que je me trouve un mec qui me largue et que j’en chiale nuit et jour, que mon père me lance une ignominie vicelarde, ou que quelqu’un meure, il faut une déchirure, quelque chose qui fasse que je n’aie pas que mon travail pour me sentir vivante…

Mon Dieu… je suis workaholic.
Et le comble de l’horreur, c’est qu’il me reste des congés à prendre.

par

Pin It

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.