Je n’ai ni la force, ni l’envie, de retomber à nouveau amoureuse. Actuellement j’en serais plutôt au stade où j’ai envie d’imaginer qu’il est possible que je sois à nouveau avec quelqu’un jour, mais sans s’engager autant émotionnellement, et surtout sans rien faire pour que ça ne se concrétise vraiment.
Et comme je suis une gonzesse, c’est un peu compliqué d’en être là, forcément.
J’ai envie de tendresse, de complicité (de sexe aussi)… mais je n’ai pas envie de remettre ça maintenant. Enfin, si, quelque part j’aimerais en avoir l’opportunité, mais juste pour la refuser… allez comprendre.
Il y a quelques semaines, j’avais lu cet article sur un site de rencontre au concept original, qui appelait les hommes des produits, qu’on pouvait mettre dans un panier, etc… ça semblait rigolo mais on ne pouvait quasiment rien voir dudit site sans être inscrite. C’est là que je me suis inscrite pour la première fois sur un site de rencontre… et même pas pour faire des rencontres, je voulais juste voir comment ils avaient joué avec leur concept. Un peu navrant quand même.
J’ai bien regardé quelques fiches produits… mais je me disais « de toutes façons, ça ça ne va pas, ça ce n’est pas pour moi, ça ça ne me fait pas envie… ». J’ai bien compris que, si aucun produit ne m’intéressait, c’est qu’en réalité je ne suis pas prête du tout à rencontrer à nouveau quelqu’un, pas dans ce sens.
Le plus troublant c’est que même si j’ai envie de baisers, de caresses, et tout le reste… je n’arrive à envisager ça avec aucun mec. Ça me dégoûterait presque. Toucher un nouveau type, faire tout un tas de choses avec un étranger… juste pas envie. Mais j’ai pas envie avec les ex non plus, cela dit. J’ai envie dans l’absolu mais surtout pas en particulier. Parfois je suis dans les couloirs du métro et je me dis « quelque part là-dedans, ya peut-être mon prochain mec… et aujourd’hui c’est juste un étranger qui transpire dans le métro sale ».
Le sexe me fait envie mais ni avec quelqu’un, ni bien-sûr seule (pas le genre de la maison).
Je ne comprends pas bien où je veux en venir…
J’ai passé plusieurs heures, ces deux derniers mois, à discuter avec un mec sur Skype. C’était très sympa, on déconne bien, on a des passions en commun, etc… Il y a quelques années de ça je n’aurais pas pu m’empêcher de me demander si… ou bien si… mais là non, intérieurement il ne s’est rien passé, je n’ai rien imaginé, pas une seconde je n’ai idéalisé quoi que ce soit, en fait je n’ai pas arrêté de trouver des raisons de me dire que si ce gars n’est qu’un copain, ça me suffit amplement, parce que je ne voudrais pas d’un gars comme ça dans ma vie. Je vois du négatif chez tous les mecs, au lieu de chercher chez eux quelque chose qui puisse m’attirer. Je me dis « mais arrête, on a compris, tu ne pourras jamais rien ressentir pour ce gars ! » mais les vannes sont ouvertes et je continue d’argumenter pour moi-même tout ce qui fait que ça n’irait pas.
Je crois que je me sens seule, mais pas désespérément seule, et c’est ça qui me désarçonne un peu.
J’ai envie de quelqu’un dans ma vie mais pas à n’importe quel prix, pas n’importe quel mec, et pas maintenant. Avant, j’étais soit seule et ravie de l’être, soit seule et désespérément en quête de quelqu’un pour m’aimer.
En ce moment je suis seule, avec le fantasme qu’un jour ça change, mais sans vouloir que ça change réellement.
Je ne veux pas rester seule mais je ne veux pas de quelqu’un dans ma vie. Je veux juste avoir l’impression que c’est possible.
C’est fatigant.
Il y a cette pub qui est passée à la télé, tout-à-l’heure : « votre ex pense-t-il encore à vous ? ». Immédiatement j’ai pensé à T. Il m’a fallu quinze bonnes secondes avant de me dire : « eh mais, mon dernier ex… c’est G ! ». Je ne pensais déjà plus à lui. J’étais étonnée qu’il ne fasse déjà plus partie de ma chair, comme T. Que voulez-vous, il y a les mecs qui ont compté, et les mecs qui sont simplement passés. Ça s’est bien plus mal fini avec T qu’avec G, mais malgré tout, T aura toujours une place quelque part. Une nostalgie. G est juste ce mec qui est passé dans ma vie, et qui en est sorti. C’est un peu triste mais c’est comme ça. Dans quelques années, quand je repenserai à mes ex, il y a de fortes chances pour que je ne pense même plus à nommer G. Peut-être que la lâcheté et la trahison finale de G ont aussi joué, mais T n’est pas spécialement parti avec les honneurs non plus ; non, ce n’est pas circonstanciel, il y a seulement ceux qui ont compté, et ceux qui ne laissent rien derrière eux. Tout ce qui me reste de G, de toutes façons, c’est une paire de chaussettes qu’il a oubliées en partant, et un site inachevé. De T, il me reste une boîte orange pleine de souvenirs, un livre, des photos, des années de relations compliquées… ce n’est pas comparable.
Parfois j’ai envie de parler à T alors que je ne ressens plus rien pour lui, juste parce que T a été T. Je réalise souvent que T ne sera plus jamais vraiment T, et je me ravise, ou je me borne à échanger quelques banalités… Mais G ne sera jamais qu’un ex de plus. Une erreur. En dépit de tout ce qui s’est passé, je n’ai jamais réussi à considérer T comme une erreur.
Et pourtant, quand je regarde ces deux hommes du passé, plus les quelques autres, je me dis que je n’ai toujours pas trouvé ce que je cherchais.
Ce que j’ai toujours cherché.
Quand j’avais une dizaine d’années, l’idéal masculin, c’était Victor Hugo. Ne riez pas. Je me disais « si un homme comme ça, avec tant de choses à l’intérieur, tant de talent et tant de sentiments, a su exister à un moment, alors il doit y en avoir d’autres ». C’était ça ma référence. Je cherchais un homme capable d’avoir un monde à l’intérieur de lui.
Le plus triste c’est que j’ai dépensé beaucoup d’énergie à avoir le béguin ou tomber amoureuse d’hommes désespérément vides. Chez T, j’aimais avoir l’impression qu’il combattait son vide, mais il ne m’a jamais semblé l’avoir vaincu. Chez G, j’avais l’impression qu’il meublait son vide d’une passion, mais il s’est avéré qu’il n’accomplissait jamais rien dans cette passion, elle le protégeait juste du monde adulte.
En fait je n’ai jamais rencontré d’homme qui m’inspire, comme je l’espérais quand j’avais 16 ans. Je voulais écrire pour un homme, lui écrire des rôles, lui écrire des histoires pour l’apaiser, avoir une sorte de muse masculine, quoi.
Mais ni Victor Hugo ni la muse masculine n’ont jamais croisé ma route. Chaque fois que j’ai rencontré des hommes, je pensais y trouver un être humain complet avec un monde intérieur, et je n’aimais jamais que l’écho de mon monde intérieur dans leur vide.
Il y a quelques temps, j’ai toutefois découvert un homme avec une vie intérieure dense. Avec sa propre inspiration. Avec ses propres passions. Avec ses propres ténèbres.
J’avais découvert son existence ya un bon bout de temps, un an et demi je pense, mais là, quelque chose sur son blog m’a touchée plus que d’ordinaire, et j’ai passé les 48 dernières heures à lire les premiers posts de son blog, et à me dire que finalement, il y a des petits Victor Hugo quelque part. En tous cas au moins un.
Et alors que je devrais être émue de cette révélation (mon Dieu, un mec complexe et qui ne s’en cache pas !), ça me laisse froide. Je suis contente de voir qu’il existe mais ça ne me fait pas rêver. Ça ne m’ouvre aucune fenêtre. Je ne me dis pas « finalement je pourrais trouver quelqu’un qui m’inspire, et vivre quelque chose avec lui », non, il existe dans son monde, et moi dans le mien, et je n’ai pas envie que les deux se rencontrent.
C’est triste de perdre la foi à ce point.
C’est triste de ne même pas retrouver une petite pointe d’espoir.
C’est triste de vouloir sans vouloir.
le bon apparaîtra au moment le + inattendu…
Et soyez aussi confiante qu’opiniatre puisque Victor Hugo disait que « le scepticisme est la carie de l’intelligence. »