Quand on va voir la fiche de SeriesLive pour Hidden Palms (oui, aujourd’hui je commence par le lien, j’avais envie ; ça doit être parce qu’aujourd’hui je fais mon post de bon matin je suppose), on peut voir plusieurs commentaires enthousiastes (premier sursaut du sourcil droit) clamant que la série est à la croisée des chemins entre The OC et Desperate Housewives (second tic nerveux).
Hé bah ! Heureusement que je n’ai pas eu la mauvaise idée de lire ces commentaires avant de voir le pilote, parce que j’aurais été mise de bien méchante humeur !
The OC, ah, la référence… Il y a 10 ans, tout ce qui relevait de près ou de loin du domaine fantastique avait droit à une comparaison avec, allez, au choix, Buffy ou X-Files. On parlait d’ados et c’était Dawson le modèle (ou pas). Aujourd’hui, sitôt qu’on parle d’ados riches au-delà de toute décence, paf ! On fait un rapprochement avec The OC. Signe des temps, quoi… C’est si pratique, les raccourcis, pourquoi s’en priver ? Quand en plus votre interlocuteur connaît le nom de pas plus de 10 séries, maximum, au moins on est sûr d’avoir des références en commun. Quant à l’analogie avec Desperate Housewives, pour ma part je cherche encore les similitudes ! Une chose est sûre, ce n’est pas au niveau du ton second degré que ça se passe, vu que tout dans Hidden Palms indique que la série se prend le plus possible au sérieux, sans humour ni volontaire (pas bon), ni involontaire (pire !).
Nan mais, à mon avis, ya un mec qui, une fois, a fait bêtement la comparaison (sans avoir vu l’une ou l’autre des séries mentionnées, voire même aucune), et depuis tous les kikoolol reprennent connement les noms qu’on leur a donnés. Je ne vois que ça.
Car oui, je peux dire que regarder le pilote de Hidden Palms, samedi, relevait du pur masochisme. A vrai dire, je m’en doutais un peu ; lorsque j’ai eu la possibilité de cagouler la chose par le passé, j’avais décidé de faire l’impasse dessus, donnant la priorité à d’autres, et je me savais bien inspirée sur ce coup, instinctivement. Et on a beau dire, c’est une bien belle chose que l’instinct ! Ahlala, je n’avais pas perdu autant de temps que devant une série depuis Eastbound and Down. Mouais, c’est pas si vieux, je sais, mais justement, ça m’énerve de gâcher mon été devant pareilles conneries.
Mais notez bien qu’on n’est pas du tout dans le même registre, cela dit.
Stylistiquement, graphiquement, scénaristiquement, Hidden Palms est une merde laaaaaargement plus aboutie, je me dois de le reconnaître. M’enfin ça reste une merde, on est bien d’accord.
Le truc qui me frappe le plus dans le pilote (et le petit bout que j’ai regardé de l’épisode suivant ; eh, franchement, qui osera dire que j’ai pas donné sa chance à cet étron ?), c’est la structure de ses scènes. La prod a bien compris que son public d’ados avait la capacité d’attention d’un poisson rouge, parce que pas une scène n’excède une minute ! Il y a le temps pour, en moyenne, trois répliques, quatre au maximum, et ZOU ! Scène suivante.
Je ne dis pas : ça pourrait être une bonne idée… à la condition que ces scènes soient un tant soit peu connectées. Mais il y a systématiquement, entre chacune, des ellipses temporelles plutôt perturbantes, car quasiment jamais expliquées, ou alors, très mal. Exemple : le personnage principal échange trois piques avec sa mère, et la scène d’après, il fait du gringue à sa (future) copine près d’une piscine, et là on coupe sur une fête où se trouvent parents et fiston, sauf que c’est pas du tout le gala de charité dont on a parlé quelques scènes plus tôt, non, ce serait trop facile, et là-dessus on file dans le laboratoire de Gil Grissom chez la petite voisine faire-valoir qui a eu une introduction de 15 secondes de temps d’antenne ya 20mn de ça, et qu’on avait pas revue depuis. Bon, je vous dis ça de mémoire, hein, c’est pas forcément ces scènes-là dans cet ordre, mais c’est en tous cas comme ça que ça se passe. Donc tout ça, avec une moyenne d’une minute par scène, je vous rappelle !
Ce pourrait être un parti-pris artistique, mais non, à regarder, ça donne juste une impression bordélique de superficialité constante. Ou une impression superficielle de bordel constant. Ou… enfin, vous saisissez l’idée. Imaginez une série où, d’une minute à l’autre, le cadre, l’action, et le ressenti des personnage peut changer du tout au tout sans transition ni logique, et vous obtenez Hidden Palms.
Partez pas, j’ai pas fini la lapidation, il me reste quelques cailloux…
On pourrait décider, là, ici, maintenant, qu’après tout cet effet de style raté n’est qu’un défaut mineur qui ne devrait pas nous empêcher de profiter de l’intrigue.
Ha, ya donc une intrigue !!!
En tant que téléphage, je m’attends à ce qu’une série en ait une, voire même plusieurs, donc j’ai donné le bénéfice du doute à Hidden Palms. Le premier quart d’heure, on se dit « bon, ça ce sont les scènes d’exposition, patience ». Le quart d’heure suivant, on est plus sceptique : « à un moment ils vont bien être obligés de nous dire ce qu’on fait là, non ? ». Et puis là, interviennent de façon magique un suicide étrange et… ha bah non. Rien d’autre. Apparemment on n’aura droit à rien de plus que la possibilité éventuelle et pour le moment fantasmée qu’un meurtre a eu lieu dans la chambre du personnage principal.
Et. C’est. Tout.
Mais en même temps, comment offrir plus quand on est déjà dans un autre type de défi : montrer un maximum de décors différents pour bien montrer que a) on est chez les riches, b) on a loué des super décors qui déchirent. Payer un scénariste en plus, ç’aurait été signer l’arrêt de mort du chef comptable (et un suicide de plus aurait été un suicide de trop, vous en conviendrez). Occupée à nous montrer que, hein, t’as vu, dis, t’as vu, je peux filmer 10 scènes dans la maison d’un personnage sans qu’on reconnaisse que c’est le même endroit, la prod de Hidden Palms a totalement oublié de nous intéresser à cette histoire de suicide/meurtre. Au point que lorsqu’il y a des révélations, elles tournent autour des coucheries et rien d’autre, par manque d’imagination certainement. Normal, on est au soleil, là où les gens ne pensent qu’à baiser (puisque d’après les réactions récurrentes des personnages, tout ça c’est la faute du soleil, bon admettons, qu’est-ce que j’y connais au soleil, j’habite Paris).
Vous pensez que j’ai déversé tout mon fiel ?
Allons, vous ne me connaissez pas mieux que ça ?
Il reste encore le plus important : les personnages. Enfin, importants en général, pas dans ce cas précis.
Quand j’étais petite, ma grand-mère récupérait les sacs plastiques pour s’en servir comme de poubelles (elle avait connu la guerre, feue ma chère grand’mère, alors elle avait le sens pratique). Et les sacs qui étaient destinés à devenir poubelle était fourrés dans une sorte de besace en tissu que ma grand’mère appelait le « sac à sacs » (l’idée lui a honteusement été piquée ensuite). Eh bien, Hidden Palms, c’est un peu ça : un grand fourre-tout de contenants à merde.
Comme les scènes n’ont aucun lien direct entre elles, les personnages, forcément, sont d’une folle inconsistance, et inconstance aussi du coup. Un moment le héros déprime, la seconde d’après il rencontre une voisin intrigant, la seconde encore après il batifole sous les arroseurs automatiques avec une inconnue (certainement la scène et les répliques les plus ridicules de tout le pilote). Je rappelle que le mec sort de désintox et que son père s’est flingué, hein…
Il n’y a pas vraiment de personnages, en fait, il y a… des gens. Des gens qu’on pose dans une scène, puis dans une autre, et encore une autre, un peu comme si on faisait jouer des poupées de cire dans une vitrine, et ce ne sont en fait que des prétextes pour que la prod se la pète grave avec ses décors. Vous savez, quand vous étiez ado et que vous vous faisiez des films, peu importait que les choses aient l’air plausibles, l’essentiel c’était qu’à la fin le mec de vos rêves vous invite au bal de promo (et franchement, que les bals de promo n’existent pas en France, c’était un détail mineur), ou que la fille qui vous faisait triper enfile un bikini rachitique (et si pour ça fallait inventer une menace bactériologique dont le virus ne vise que les vêtements en coton, et bah vaille que vaille, c’était pas grave). Eh bah là c’est pareil : on veut une scène où une fille joue seule à un concours de tshirt mouillé sur un practice de golf ? Eh bah on fait ça. Ça n’a pas de sens mais on s’en fout. Ça fait bien. Ça fait de l’action.
Ce devait être l’horreur à jouer. En même temps, Dieu merci, les acteurs sont tous plus navrants les uns que les autres, ça nous évite d’être déçus par leur potentiel gâché.
On pourrait aussi arguer qu’il y a des personnages sensés être importants qu’on ne voit quasiment pas, comme la petite voisine qui vit dans le laboratoire de Gil Grissom. Le héros la croise deux secondes le temps de lui demander son nom au tout début du pilote, ensuite on ne la revoit plus (en plus elle a la mauvaise idée de pas avoir un physique qui se retient et d’être blonde comme la pétasse principale), et tout d’un coup, on l’avait complètement oubliée, mais le héros débarque chez elle. J’ai même pas compris, sur le coup, qu’on n’était pas chez la nana qu’il cherchait à choper. Mais en tous cas comme rôle de merde, ça se pose là !
Bon, je crois que j’en ai fait le tour. C’est pas certain mais ai-je vraiment envie d’y réfléchir plus en avant ? Hidden Palms est pire qu’une série popcorn : c’est une série maïs transgénique. C’est génétiquement modifié pour plaire aux plus cons ados, mais il vaut mieux pas en manger si vous voulez être tranquille. D’façons ya strictement rien à grailler là-dedans, tous les acteurs sont moches. Comme pas trop laide, ya ptet, à la rigueur, la pauvre Gail O’Grady qui s’est commise là-dedans, mais elle n’est plus de première fraîcheur.
Franchement, vous avez mieux à faire, non ? Moi en tous cas, je sais ce que je ne ferai pas samedi !