Des séries de guerre, il faut bien reconnaître qu’il y en a moins que, mettons, des séries sur les ados (certains argueront que les deux reviennent au même ; ceux-là auront trop écouté Whedon parler de Buffy). Et il y en a moins qu’il n’y a de films de guerre, aussi. Il faut dire que sur le principe, c’est moins déprimant pour le spectateur de regarder 2h de carnage une fois, que 45mn de carnage chaque semaine pendant plusieurs mois, je le conçois parfaitement.
Et pourtant, la première série qui m’ait marquée, celle par laquelle je pense que tout a commencé, c’est L’Enfer du Devoir. J’avais moins d’une dizaine d’années alors, mais c’est elle qui a semé les germes de ma téléphagie d’aujourd’hui ; laquelle se caractérise, dans 90% des cas, par une quête des situations les plus déprimantes et/ou douloureuses, précisément. C’est après L’Enfer du Devoir que je suis devenue téléphile. Le problème c’est que j’avais un mal de chien, par la suite, à trouver ailleurs les mêmes sensations. La difficulté était double : d’une part, en tant que petite fille, une partie des programmes qui auraient pu me plaire m’étaient inaccessibles, et d’autre part, je n’avais pas, au début des années 90, les moyens d’information qu’on a maintenant et qui permettent de chercher des renseignements ou des références sur un thème spécifique ou des critères précis.
Et puis, pas loin de 10 plus tard, SPACE 2063 est arrivée. Ma quête a trouvé là, à la fois, un aboutissement et un élément déclencheur : je savais que j’avais trouvé de quoi faire battre mon coeur, et en même temps, j’ai su que plus jamais cette soif de souffrance par procuration ne s’apaiserait. Et c’est donc comme ça que je suis devenue téléphage.
Ainsi donc, deux des séries fondatrices de mon parcours téléphagique se déroulaient en temps de guerre.
J’ajouterai qu’il y en a eu une troisième, qui, elle, m’a fait découvrir le monde de l’internet téléphagique : Band of Brothers. C’était quasi-orgasmique, une telle série, pour moi !
Aussi, lorsque se présente une nouvelle série du genre, je n’ai pas besoin de réfléchir à deux fois pour décider de l’essayer ; c’est instinctif, ça me donne envie.
Ce que je préfère, ce n’est évidemment pas de voir des mecs se faire dézinguer à longueur d’épisode (non ça c’est juste un bonus). Ce sont les vivants qui m’intéressent, ceux qui, dans toute bonne fiction sur la guerre, se posent des questions sur son utilité (et qui bien souvent ne lui en trouvent pas). Oui, on pourrait dire, en un sens, que j’aime les séries de guerre parce qu’elles n’en font justement pas l’apologie, paradoxalement !
Mais dans tout genre donné, il y a des moutons à cinq pattes. Et aussi surprenant que ça puisse paraître, de la même façon qu’il existe quelques bonnes séries pour ados, il existe aussi quelques mauvaises séries de guerre.
Ma première déconvenue a été avec Over There. C’est rageant : je n’ai jamais pu aller jusqu’au bout du pilote. Pas faite de lui avoir donné sa chance par trois fois, pourtant. A chaque nouveau visionnage, je réussissais à tenir une minute de plus, grand maximum. Je trouvais le langage ordurier « trop facile », les scènes d’action trop présentes. Ni dans un sens, ni dans un autre, je ne trouvais de message. En un mot, Over There m’a paru vide. Je me suis souvent demandée, depuis, si en persistant j’aurais changé d’avis, et/ou découvert des qualités insoupçonnées, au moins au pilote. Mais rien à faire, ça ne passe pas. « Pas de panique », me suis-je alors dit, « c’est simplement Over There qui ne passe pas ». Après tout ça arrive !
C’est donc avec délice et appréhension que j’ai abordé Generation Kill. Je revenais d’une expérience assez négative, mais néanmoins, je me disais que je ne pouvais que trouver là une série plus… je ne sais pas. Plus, quoi ! Plus intéressante. Plus accessible. Plus touchante ? Plus mieux, en somme.
Fatalitas ! Pas du tout. Rien à faire là non plus : Generation Kill n’a pas su m’atteindre. Je lui reconnais cependant des qualités que je n’avais pas pu concéder à Over There sans piétiner mon honnêteté intellectuelle. Le travail de photographie me semble par exemple plus abouti. Le rythme est mieux maîtrisé. Cependant, tout réussi que soit, finalement, le contenant, le contenu m’a une fois de plus paru lacunaire. Certains personnages parviennent à revêtir un vague intérêt, mais il reste négligeable. L’intrigue est surtout sans saveur, on ne ressent pas d’enjeu.
Je m’interroge. Peut-être faut-il alors marquer une distinction entre les séries de guerre (Over There, Generation Kill…) et les séries sur la guerre (Band of Brothers, L’Enfer du Devoir…). Le sang gicle dans les deux cas mais le second propose un peu plus de recul et de profondeur que le premier.
Je me demande aussi si l’intérêt d’une série de ce genre n’est pas proportionnel à la charge émotionnelle qui nous lie à la guerre dont il est question. Par exemple, j’ai été très tôt sensibilisée à la Seconde Guerre Mondiale et, dans une moindre mesure, au Vietnam, de par l’histoire de ma famille. Ce n’est pas du tout le cas du Moyen-Orient. Je n’ai par contre pas d’explication pour le cas de SPACE 2063…!
Peut-être aussi que nos goûts changent, mais ça, je refuse de l’admettre. Non, c’est pas possible.
Bon en fait, vous savez quoi ? Je vais lui donner une autre chance, à ce pilote de Generation Kill. On n’abandonne jamais un Marine tombé au combat (c’est SPACE 2063 qui me l’a appris).
Où j’ai mis le somptueux générique de Band of Brothers, moi ?
Je grille encore une fois (de toute manière, à ce niveau-là, je crois que j’en suis au même point que les changements de camp de Cole Turner, donc une fois de plus ou une fois de moins, on ne compte plus) ma crédibilité sériphile, mais j’avoue que les séries de/sur la guerre… Disons que ce n’est pas du tout mon sujet de prédilection (allez savoir si ce n’est pas la faute aux programmes scolaires et aux cours d’histoire)… Du coup, je ne me suis pas attardé sur aucun cas cités (nan, parce que faut comprendre aussi, un sériephile n’a jamais assez de temps pour tout voir !!)… Bien que j’ai eu le pilote de Space 2063 quelque part à un moment donné (mais sacrifié pour cause de manque d’espace)… A la rigueur, c’est p’têt sur ce chemin là que le sujet peut le plus m’intéresser (oui, parce que j’avoue honteusement qu’il y a certains sujets qui rebutent un peu dès l’origine, on y peut rien… C’est comme quand on fait une réaction allergique à certains « présentateurs » télés, y’a des fois où c’est juste pas possible).
Comme je m’y connais assez en histoire, je ne pense pas que cela soit leur faute si on aime pas ce genre, dans le sens où le cinéma de guerre, ce n’est pas ma tasse de thé. Je n’ai pas vu Over There, donc pas trop d’opinion la dessus. Par contre, je constate quand meme un gros penchant pour le drama/dépressif, car dans le genre, l’enfer du devoir et Space 2063, c’était pas la joie de chez joie. Band of Brothers, j’ai bcp aimé la premiere partie de la minisérie (je suis tombé amoureuse de Damian Lewis la dedans, je l’adorais), mais bcp moins la seconde. cela s’était, à mon gout, trop dispersé, certes pour toucher plus de sujet, mais cela ne m’a pas convaincue (peut etre à voir si mon avis change avec un revisionnage). Dans le cas de Generation Kill, ce qu’ils font m’est assez abstrait (mais bon, d’apres ce qu’on m’a dit, c’est normal). Moi, perso, j’aime bien, c’est assez différent des trucs de guerre habituel je trouve. Ca a son style.
Space 2063
Ainsi donc c’est de cela dont je souffre ? La souffrance par procuration.Une quête des situations les plus déprimantes et/ou douloureuses ! Bon sang mais c’est bien sûr, merci docteur !
Non, sans plaisanter, en lisant les raisons de ta téléphagie aigüe, j’ai cru que tu avais analysé mon cas.
Ah, Space 2063 ! La meilleure série télévisée depuis L’homme qui valait trois milliards ! Elle était vraiment magique, et le Col.McQueen a réellement marqué l’histoire de la télé. Il y a tant d’imitations de ce personnage, plus ou moins réussies il faut l’admettre.
Enfin bref. Merci de parler en bien de ce bijou. Et si ça intéresse quelqu’un, un site de fan est en train de se monter. Son adresse ?
http://space2063.wifeo.com/
Il est très prometteur à mon avis (et en plus il n’est pas de moi )