…à coup de tessons de bouteille. C’est ainsi que je me sens après avoir vu The Cleaner, la série dont, vous le savez, j’attendais beaucoup, et dont j’ai presque tout reçu.
Vous êtes conscient que dans cette rubrique, vous allez bouffer du spoiler, pas vrai ? Alors on y va.
Je plaisantais un peu plus tôt ce soir sur l’addiction, sans avoir spécialement calculé mon coup, d’ailleurs, mais la vérité c’est que je suis extrêmement sensible à ce genre de problématiques (ce n’est pas pour rien que Rude Awakening, si longtemps après, fait toujours partie de mes séries favorites). Et effectivement, l’addiction est relativement bien décrite dans The Cleaner, avec ses phases de rémission, parfois pleines d’euphorie, et ses pentes raides plongeant dans les ténèbres. Et puis l’impression de patauger dans la mélasse mais de tout faire pour s’en sortir, sans être jamais sûr de bien s’y prendre ni de vraiment réussir à se sauver. Se sauve-t-on d’une addiction ? Je suis de ceux qui pensent que non, jamais complètement. A ma façon, je sais ce que c’est, et j’ai trouvé suffisamment de résonance dans ce pilote pour le trouver crédible.
Ce que j’attends le plus dans les épisodes suivants, c’est de voir les
premières heures d’une désintox, par exemple (ça me fait saliver depuis que je connais le pitch de cette série), et quelques autres passages plus durs de la vie d’un addict, qu’il le soit de l’alcool, la drogue ou autre chose. J’espère qu’on dépassera cette phase un peu simplette de l’enlèvement et qu’on ira plus loin dans le processus. Ç’a été ma déception majeure dans ce pilote, mais vu la tournure que prennent les choses, je ne pense pas qu’on soit à l’abri de progressions dans ce sens. The Cleaner a déjà toutes les cartes en main pour vraiment nous écorcher vif, mais rien ne l’oblige à toutes les jouer tout de suite : bons acteurs (dont un qui m’a épatée en peu de temps, hélas en pure perte), bons dialogues, jolie photographie (malgré un usage un peu abusif des filtres orangés), bon sens du rythme (et du cassage de rythme), et intrigue de fond bien écrite… ça viendra, je ne m’en fais pas. On va en chier, mais plus tard. Et déjà je dois vous dire que dés le pilote, vous allez vous faire déchiqueter le cœur joyeusement. Ç’a été mon cas.
Et je hais, je hais sincèrement ce qui vient de se passer ce soir. Je hais me dire « wow, untel joue super bien, il a peu de scènes mais qu’est-ce qu’il exprime bien tout ça », je hais être prise à la gorge par l’expression parfaite, la scène parfaite… pour m’apercevoir quelques minutes plus tard qu’un scénariste sadique a joué avec ma confiance.
La plupart du temps, je repère ces trucs-là, la plupart des morts de série sont faciles à prédire surtout à 45mn d’échéance, mais c’est rageant de voir qu’on peut encore se faire surprendre. En quelques minutes, j’avais déjà tissé des liens avec ce personnage et j’ai été choquée de le voir disparaître. Je déteste quand ça arrive. Je déteste me mettre à hurler devant mon écran en voyant le regard de celui qui découvre la mort se ternir. Je déteste m’effondrer en pleurs devant mon écran en répétant bêtement « non, non, non c’est pas possible ». Je déteste avoir le souffle coupé devant la violence implicite d’une telle scène.
En fait si, je mens : j’adore ça. C’est mon fix à moi, maintenant. Moi aussi j’ai troqué un fix contre un autre.
Ironie du sort, j’étais contente de retrouver la délicieuse Grace Park avec cette série, et ce sont d’autres retrouvailles (suivie d’une déchirure) qui me laissent le souvenir le plus marquant de ce pilote.
Avec quelques scènes bien senties, The Cleaner a donc su capter mon attention, et déchaîner les passions ; je suis en colère, je suis mortellement blessée, je suis hyper contente d’avoir passé 51 bonnes minutes de télévision, j’ai eu mon content, je sais que je reviendrai en demander.
Et que je voudrai augmenter les doses, évidemment.