Dieu habite Paris

1 juillet 2008 à 20:28

Je sais qu’il y a un Dieu. Je le sais, parce qu’aujourd’hui, j’ai dégusté une glace à la rose aux pieds de la rue Soufflot. Si vous vous promeniez dans les parages à ce moment-là, eh bien, la fille qui retenait ses larmes de plaisir, là, juste devant le glacier ambulant (où la marchande me reconnaît toujours alors que ça fait deux ans que je n’étais plus venue, et avant cette fois-là, deux autres années encore), cette fille qui semblait la plus heureuse du monde avec un petit cornet une boule, c’était moi.
Et ça prouve qu’il y a un Dieu.
C’est une preuve irréfutable de son existence, et surtout, ça prouve que Dieu habite le 5e arrondissement. Mais je n’en ai jamais vraiment douté.

A l’époque où j’habitais chez moi (par opposition à toutes les époques où j’ai habité ailleurs que dans le 5e), je découvrais Paris et je m’y baladais beaucoup. Surtout la nuit. Sur le coup de deux heures du matin, une envie irrépressible de marcher dans les rues de Paris m’étreignait à la gorge, et je n’essayais même pas de résister : je sortais. Et je marchais. Dans les rues de Paris.

Et au fil des sorties, où que j’aille, ça s’est imposé comme une évidence : c’était le 5e arrondissement le meilleur endroit de Paris où trainer ses guêtres. Il y a des coins qui se défendent, certes, mais le 5e l’emporte haut la main.

J’ai déménagé fin août 2003 pour suivre T à Nantes. Je ne dis pas que je ne voulais pas aprtir : c’est faux. Je le voulais. Principalement parce que je pensais que ma vie m’attendait là-bas. N’y revenons pas, voulez-vous ?
Mais quand j’ai compris que ma vie ne se ferait pas là-bas, j’ai réalisé l’ampleur des dégâts : ce serait très difficile de revenir vivre chez moi, dans mon arrondissement. Surtout en étant au chômage.

Depuis lors, chaque fois que je reviens, je m’y sens chez moi. Pas chez moi comme « ah, cool, c’est familier ! », non, chez moi comme « ici je restpire l’air fait pour mes poumons ! ». Vicié, d’accord, mais c’est le mien.

Maintenant que j’ai un travail, vous voyez donc bien où je veux en venir…

Remonter la rue Soufflot, m’arrêter au Jardin du Luxembourg, escalader la rue de la Montagne Sainte geneviève ou arpenter les quais de Seine, c’est comme retrouver une partie de ma chair que je me suis bêtement arrachée pour un homme. Mais aucun homme ne m’éloignera plus jamais de ma capitale. Cap sur la Seine ! Première étoile à droite, puis tout droit jusqu’au prochain déménagement. Rien ne me séparera de ma ville, c’est l’objectif et rien ne m’en détournera.

Je sais que mon coeur bat plus fort là, juste là, à cet endroit de l’univers. Et qu’en même temps j’y ressens un apaisement incroyable. Quand je remonte le boulevard Saint Michel, c’est comme si j’étais tout simplement à ma place, comme si la planète avait un trou à cet endroit précis, juste fait à ma taille, et que je le comble en m’y encastrant impeccablement. Comme dans les jouets pour enfants.

Alors, quand, l’espace de quelques minutes, ce soir, l’encastrement parfait s’est produit, forcément, pendant un instant, j’ai cru en Dieu.

Et donc maintenant le vrai miracle, ce serait d’y trouver un appartement dans mes moyens !

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