Pour la première fois, j’étais réellement heureuse. Je souriais sans raison. Je pleurais de joie. J’étais perpétuellement de bonne humeur même si complètement terrassée par la fatigue. J’aimais tout le monde, oui, même ceux qui d’ordinaire me remplissaient il y a peu de colère ou de rancoeur.
Rien, plus rien ne me rendait triste.
Et puis, il y a eu hier soir.
Et j’ai l’impression de vivre un nouveau deuil.
Alors me voilà revenue ici, dans cet endroit de moi que je connais bien ; il y a de la colère, peut-être même de la haine qui s’était efforcée de ne pas se montrer jusque là, un sentiment d’injustice et surtout, un sentiment de perte. De vol peut-être même. Je savais qu’on ne pouvait pas se fier à lui, mais j’espérais qu’au moins il était honnête à défaut d’être fiable, et qu’il ferait de son mieux pour tenir sa promesse. Mais même sa promesse n’a plus d’importance pour lui aujourd’hui, j’ai l’impression qu’il cherchait depuis longtemps un moyen de faire table rase de tout, je me demandais quand ce serait mon tour mais il y avait pire, il y avait le tour de ça, qui fait aujourd’hui les frais de sa négligence. Mais derrière ça il y a des tas de gens qui comptaient sur lui, des tas de gens qui se sont donné du mal et qui, à cause de lui, l’auront fait pour rien. Sauf qu’il déteste qu’on compte sur lui. Et il a bien raison : on ne peut pas.
Je ne comprendrai jamais les gens comme ça. Ceux-là, je n’arrive pas à m’empêcher de les détester, de les haïr même, ceux-là, ils sont ceux qui ne méritent que mon mépris. Ceux qui n’ont rien à faire des conséquences de leurs actes et qui continuent quand même à faire de la casse. Ca fait quelques années que je fais un gros travail sur moi-même pour m’extirper du conglomérat de haine qui m’habitait auparavant. J’ai même réussi à ne plus en ressentir pour mon père. Au cours de mes deux dernières ruptures, mon letimotiv a été d’essayer d’être la meilleure personne possible, de ne pas me laisser ronger et en profiter pour devenir quelqu’un de méchant juste parce que je souffrais. Et après toutes les saloperies que T et G m’ont fait subir (la plupart du temps sans même comprendre la portée de leurs actes), j’étais plutôt contente d’avoir bien fini, de m’être libérée de toute haine. Mais là, la digue s’est rompue, la haine se déverse par torrents et je ne sais plus si ça vaut la peine que je la retienne, il a fait ce qu’il pouvait faire de pire, par lâcheté. Simplement parce que, oui, j’ai été inflexible. Il faut bien que quelqu’un le soit ! Deux ans ! Deux ans que ça trainait ! Mais c’est toujours plus facile de s’enfuir que d’assumer ses responsabilités ou tenir des promesses récemment renouvelées.
Comment je vais leur dire ? Comment je vais leur dire que tout ça c’était pour rien ? Que tout ça va s’arrêter parce qu’il est lâche et qu’il préfère tout plaquer, une fois de plus, plutôt que se donner du mal ? Comment je vais leur dire qu’on ne pourra pas continuer ? Comment je vais leur dire ?
Je n’arrive déjà même pas à me le dire !
Il fallait bien que ç’eut une fin, j’imagine, cette période de trois semaines où tout me semblait idyllique même quand je m’évanouissais de fatigue…