Il est 17h et enfin je peux commencer à travailler. Mais si quelqu’un prononce encore une fois le mot « carton », je mords. Zêtes prévenus.
Hélas, cent fois hélas, quand DOM THOM est arrivée la bouche en cœur à 10h30, les péripéties des déménageurs du ministères avaient à peine commencé (par une bonne demi-heure de retard, suivie d’une heure d’expérimentations de plusieurs chemins pour voir comment éviter les escaliers ; la conclusion a été qu’on ne pouvait que passer par les tous petits escaliers, mais qu’il y avait au moins 10 façons d’y accéder).
Donc il a bien fallu lui dire qu’on déménageait, ce à quoi elle a répondu, épouvantée et furieuse à la fois « ah moi je peux pas ! ». Bah oui, pour rappel, l’ascenseur de notre bâtiment s’arrête au 5e et on est au 6e. Elle ne survivra pas à un étage à grimper dans les escaliers ; il faut dire qu’avec les multiples poses, elle y passera la journée. Donc elle s’est plainte de tout : on est loin, on est haut, c’est fatigant, c’est énervant, c’est pas juste…
Quand vendredi, en une demi-journée, on a emballé le contenu intégral de deux bureaux, qu’on a aidé les déménageurs une bonne partie de la matinée du lundi, et qu’on entend ça, on n’est pas sûr de ne pas, finalement, être pour la peine de mort. J’hésite encore un peu pour tout vous dire. Une bonne petite euthanasie, ça me fait soudain rêver.
Comme DOM THOM est malade comme un chien, elle se plaint beaucoup. Enfin, je veux dire, plus que d’habitude encore. A 12h, elle prend ses médicaments et me dit qu’elle n’aurait pas dû les prendre à jeûn. Elle va passer un coup de fil dans la salle de réunion voisine (on n’a pas encore le téléphone dans les bureaux), et me dit « ah bah ma copine elle va manger seulement à 13h ». Mais elle part quand même. Je ne l’ai revue que vers 14h30 quand elle a fait son entrée dans le bureau en gueulant « il est installé mon bureau ?! » alors que les pauvres déménageurs en chiaient comme c’est pas permis et que je m’occupais de placer les meubles qu’ils montaient tellement j’avais pas envie de les voir faire un pas de plus avec les meubles ; quand je l’ai rassurée sur le fait que quelqu’un était en train de monter son bureau, elle est descendue avec moi voir ce qui restait dans les anciens locaux, elle a rouspété que même le tableau dont on se sert jamais, il n’était pas question de le laisser aux suivants, et a chargé les déménageurs de s’en occuper… et puis elle est repartie. Et puis elle est revenue vers 16h, en me disant « ah tiens lady, tu ranges ? ». Et cette fois-là j’ai sèchement répondu : « bah oui… qui d’autre ? ». Elle n’a pas relevé. Elle aurait dû.
Je cours en tous sens pour vider les cartons, faire installer le téléphone, le réseau pour les PC… je trouve vers 16h30 une note sur mon bureau « je pars avec machine ».
Cette espèce de garce n’a pas foutu une rame de la journée. Je ne suis même pas sûre qu’elle ait vu Monsieur Patron une seule fois. Mais bon, elle sera payée, elle est contente.
Ses trois cartons de cochonneries sont sur son bureau. Le reste (TOUT le reste) des affaires du service est rangé. Mais ces trois cartons-là, si quelqu’un me dit de les ranger, JE-HUR-LE.
Elle me dégoûte.