Recherche intubation désespérément

15 mai 2008 à 21:49

Je veux de l’air !
J’en ai marre d’attendre. J’en ai marre de reporter indéfiniment mon rendez-vous avec l’avenir ! Je suis prête, maintenant, balancez l’oxygène, dose maximale, je veux en prendre plein les bronches, j’étouffe dans la salle d’attente, il est temps !

Je veux tout, je ne veux plus me priver, je ne veux plus troquer, je ne veux plus me contenter, je ne veux plus concéder que j’ai au moins un truc qui marche quand le reste est minable ; je veux tout et je refuse de céder davantage de terrain !

Je veux que cesse la quête. Je suis à 4 ans de la date limite de péremption de ma patience, et déjà elle s’émousse sérieusement. Il faudra que tout soit prêt à ce moment-là, et j’aime autant prévenir, il est hors de question que j’attende plus longtemps pour que les choses se mettent enfin en place pour le grand jour. J’ai toujours vu ma trentaine comme l’âge idéal, maintenant il suffit, on va y aller.

Ô frustration de n’avoir toujours pas commencé à respirer à pleins poumons, qui m’étreint alors que le jury délibère sur mon cas. Mais si, allez, prenez-moi, je travaillerai bien, je travaille toujours bien mais jamais assez longtemps pour cocher ce « léger détail » sur ma liste des empêcheurs de respirer en rond, embauchez-moi et merde, qu’on passe à la vitesse supérieure.

Maintenant ça suffit, j’ai assez attendu. J’ai assez admis qu’on n’avait pas toujours ce qu’on veut. Maintenant faut me prouver que de temps en temps, quand même, ça marche. A présent est venu le temps de la récompense. J’ai patienté plus de 26 ans pour que ce soit mon tour, j’ai laissé la place lorsqu’on me disait que ce n’était pas mon heure, j’ai accepté qu’il y avait des embûches, je les ai toutes affrontées du mieux que j’ai pu, j’ai essayé de bien me comporter, j’ai essayé d’être une bonne personne, j’ai essayé d’être une bonne employée, j’ai essayé d’être une bonne petite amie, je me suis pris des revers, je me suis émietté le coeur mec après mec, j’ai sacrifié à l’autel du chômage et des contrats précaires, j’ai mis de l’eau dans mon vin, j’ai revu mes ambitions à la baisse au nom du réalisme, j’ai appris à la dure, j’ai fait contre mauvaise fortune plutôt bon coeur, j’ai dépensé mon âme sans compter, j’ai consacré du temps aux autres, j’ai versé des larmes, je n’ai essayé d’abandonner qu’une fois, j’ai lutté contre le néant ; j’ai même pardonné à tous ceux qui m’ont offensée alors que je ne crois en rien qui m’y inciterait ; ça va maintenant, j’ai donné. Je veux mon dû. Je veux ma vie.

Balancez l’oxygène, pleine puissance, un grand jet d’air dans la trachée, que mon coeur s’affole, que mon sang se mette à bouillir, que la vie commence, merde ! Enfin ! Ouvrez les yeux et donnez-moi ce qui me revient ! J’ai suffisamment attendu que vienne mon heure, maintenant.
Je veux le boulot, et surtout je veux le salaire, pour tout ce que je pourrai acheter avec : l’indépendance, le confort, le superflu peut-être aussi un peu, la tranquillité d’esprit et tout le bazar. Je veux la totale. Le pack entier. J’ai admis qu’on ne me concède rien pendant trop longtemps déjà, maintenant je veux rafler la mise, et le plus fou dans tout ça c’est que j’ai fini par penser que ce boulot-là c’est le jackpot, alors la moindre des choses, c’est de récompenser ma patience, ma docilité et mon humilité. Je veux ne plus avoir besoin d’aucun des trois.

Je veux arrêter d’avoir le souffle court, je veux inhaler la vie à pleines narines, me la faire ligne après ligne, je veux le boulot, je veux le pognon, je veux l’appart, je veux le mec ; je veux tout ça et encore je me trouve humble de ne pas en vouloir plus, alors allongez le contrat, faites-moi enfin entrer dans la cour des grands !

Je refuse de ne passer ne serait-ce que quelques mois de plus à survivre.
Le désir de vivre suinte par tous les pores de ma peau, donnez-moi ma chance !

Je veux, je veux, je veux ! Ce n’est pas un caprice, je revendique, c’est à moi, elle est à moi cette vie, la vie où je n’ai pas à sacrifier le peu qui se produit de bien dans ma vie parce que tout le reste est merdique, c’est la mienne, l’autre c’était en attendant, celle où j’étais si terrifiée par la perspective de ne pas manger, de ne pas travailler, de ne pas exister, que le peu que j’avais finissait par se faner. Si je dois perdre quelque chose, je veux que ce soit ma faute, pas que ce soit à mettre sur le dos des circonstances ! Si je dois perdre quelqu’un, je veux que ce soit parce que je me suis comporté en monstre, pas parce que j’ai eu peur du lendemain et que personne ne peut vivre comme ça bien longtemps.

Je veux entrer dans la danse, m’envoler en une ronde folle au milieu des feuilles mortes et m’infiltrer entre les courants d’air, je veux quitter la terre ferme où je suis enchaînée depuis, semble-t-il, toujours. Je veux qu’enfin on reconnaisse mes qualités et qu’on me laisse en vivre. Je prends le relai ensuite, je me charge du reste, je sais me battre de toutes façons, mais qu’on me laisse juste, enfin, m’engouffrer dans ma nouvelle vie.

Je veux, je veux, je veux… Ce n’est pas un caprice, c’est la colère de l’épuisement. J’ai trop attendu, ça suffit.

Regardez-moi ! Je suis là, nue, sous vos yeux, le poitrail déchiré à force de recevoir les coups de fouet, de voir les gens entrer et sortir de mon coeur, éviscérée par les embûches, ça suffit maintenant, je trouve que j’ai assez versé de sang et de larmes ! Regardez ! Je suis là, entière, offerte, j’attends qu’on me cède enfin juste ma vie. Tous les nerfs, les muscles et la chair sont là, au vu et au su de tous, et tout est sain même si tout a pris des coups, j’ai persisté jusqu’ici et maintenant, je veux la rançon de ma souffrance et ma patience, alors prenez-moi, je serai excellente dans le rôle de la nana qui mène une vie normale et ennuyeuse, qui fait gentillement son boulot, qui fait gentillement son petit site, qui fait gentillement des gâteries à son mec, c’est ce que je veux, juste ça, et vous pouvez me le donner, alors envoyez le Zéphyr !

J’aspire !

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2 commentaires

  1. PetitePuce dit :

    Coucou!

    Je ne sais pas si tu te souviens de moi: j’étais The Little L/PetitePuce sur SériesLive.
    Je viens de découvrir ton blog personnel et trouve cet article absolument magnifique: les termes employés, la sensibilité qui en ressort…
    Chapeau Mamz’elle & bon courage dans ta quête du bOnheur!

    Bises

  2. ladyteruki dit :

    Bien-sûr que je me souviens de toi, Petite Puce… et merci pour la visite !

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