DOM THOM a résolument raté sa vocation. Elle aurait pu faire plein de choses, et non, elle a échoué ici.
Par exemple, elle aurait été très bien à l’ANPE, vu la somme d’efforts qu’elle déploie pour ses enfants en cherchant du boulot à leur place.
Mais depuis quelques jours, DOM THOM fait montre d’un tout nouveau talent : elle récolte des fonds. Pas à but caritatif mais parce qu’elle veut aller voir son père dans les Antilles et que le billet coûte cher. Et qu’elle n’a pas les sous.
Sur le principe je comprends bien le problème : son père est âgé, dans un sale état physiquement, une grande partie de la famille a déjà pu le voir, comme on dit « au cas où » (il y a deux ans de ça j’étais en plein au cas où…) et elle veut y aller « avant que ». Et c’est normal.
Ce qui l’est moins c’est sa façon très vulgaire de taper tout le monde pour se payer ce voyage. On parle de quelqu’un qui appelle son banquier en moyenne une fois par semaine pour lui demander une avance, mais qui le même jour va faire des emplettes en parfumerie. De quelqu’un qui a fêté les 20 ans des jumeaux en leur offrant… bah, rien, pas les sous… mais qui a une garde-robe plus étendue que ne l’est ma collection de videos de Jmusic… Bref, quelqu’un dont la gestion financière est plus que contestable. Donc l’entendre chercher à se faire payer le billet d’avion (pour une modique somme de 600 à 700 euros), ça me fait un peu drôle, il faut bien le dire. En gros, elle a besoin de quelques centaines d’euros seulement, pourquoi les gens ont-ils tant de mal à l’aider ? Elle ne désespère pas et rappelle même ses ex. Ce qui donne lieu à des conversations interminables comme celle qu’elle a en ce moment-même, le type essayant de se placer, un peu comme un investissement, quoi, et DOM THOM expliquant qu’elle n’a pas le coeur à ça en ce moment parce que, tu comprends, je suis teeeeeeellement préoccupée…
Elle finit par être beaucoup plus préoccupée par l’argent du billet que sa destination. Elle ne parle que de ça à longueur de journée. Une ou deux fois elle a eu le culot de me dire « pis si je trouve un billet moins cher ce sera bien parce que comme ça je pourrais dépenser des sous là-bas », donc en gros, elle espère pouvoir se garder de l’argent de poche pendant qu’un benêt va lui payer l’avion !
Cela dit j’admire la façon avec laquelle elle négocie. On dirait qu’elle a un argumentaire sous les yeux, une vraie commerciale ! Elle commence soft, en français, elle demande comment ça va… et puis rapidement on lui retourne la question et elle aborde le sujet qui fâche en basculant progressivement en patois : elle est préoccupée… Bah bien-sûr on lui demande pourquoi, alors elle explique : tu sais, avec l’avion tout ça… je voulais partir le 12 mais le 11 c’est moins cher mais même moins cher c’est pas facile… Le poisson est ferré, donc elle continue sur la lancée : pis tu sais avec les enfants (les enfants qui sont tous grands mais ça on va pas le dire, les jumeaux sont les plus jeunes et comme je viens de le dire, ils ont 20 ans et ils sont quasiment autonomes financièrement, ya plus que fiston à la maison mais il a un boulot et il vit sa vie)… et là en général elle aborde l’épineuse question de l’argent. Pis comment tu pourrais me le transférer, pis quand, pis je te rembourse (enfin progressivement hein, on en reparlera…), pis personne n’a l’argent, tu es mon dernier recours, pis mon père… les choses s’accélèrent et j’imagine l’embarras à l’autre bout du téléphone.
On parle quand même d’une somme autour de 300 euros, faut les sortir, hein…
Hélas, son talent s’arrête là car pour le moment, elle n’a pas trouvé de pigeon. Elle me dit que c’est parce qu’elle n’a pas d’amis (hein ? mais alors les gens qu’elle appelle à longueur de journée, c’est qui ?!), qu’elle a de l’argent qui est sorti mais qu’on lui a jamais remboursé (en même temps, elle sous-entend qu’elle ne raffole pas de cette perspective non plus une fois qu’on lui aura payé l’avion…), que ça me fait tellement de soucis, lady, tu comprends ?
Hein, dis, tu comprends ?
lady ?
Oui je comprends. Mais DOM THOM, cesse de me regarder comme ça, vraiment. Parce que si te prêter ma carte de cantine, t’avancer l’argent du café, tout ça… à la rigueur. Je suis d’une nature serviable. Mais 300 euros à une nana dont je fais le boulot alors que notre différence de salaire s’évalue environ à cette somme qu’elle me demande ? Aha, nan, même pas en rêve.