Au début, je trouvais que c’était une délicate attention de la part de DOM THOM lorsqu’elle allait s’isoler dans un autre bureau pour passer certains de ses coups de fil privés (certains mais pas tous, comme ça si quelqu’un passe dans le bureau, on peut quand même l’y voir de temps à autres) (parfois) (enfin, faut voir).
Mais depuis quelques temps c’est devenu une telle habitude que je ne peux plus cautionner les pauses taxiphone à répétition non plus.
Je ne dis pas que je préfère quand elle hurle après ses interlocuteurs dans le bureau (« non tu me dis ! tu réponds ! non je te pose une question, je te demande pas de l’argent quand même ! ») ou qu’elle tente d’avoir une conversation en patois pour que je ne comprenne rien (« t’as compris ? je t’ai dit… » et elle répète cinq fois sa phrase jusqu’à ce que l’autre ait percuté qu’on parle en langage codé) alors que je suis moi-même au téléphone, mais dans un but totalement professionnel, et que mes interlocuteurs entendent aussi bien que moi la conversation, dont le niveau sonore passe rarement (si ce n’est jamais) sous la barre des 90 décibels.
Pour vous donner une idée sur ce que ça représente, 90 décibels, c’est moi en train de me boucher une oreille et d’avoir envie de la tuer, quand 80 décibels, c’est moi en train de me boucher une oreille, et 100 décibels, c’est moi en train de faire une demande de permis de port d’arme.
Le plus incroyable, c’est que chaque fois que son portable sonne (le portable sonne, mais elle appelle toujours avec le fixe du boulot, sinon ça vaut pas la peine de venir bosser), elle soupire ou s’énerve, regarde son écran et s’écrie « qui c’est encore qui m’appelle ? pff… nan mais je te jure, hein », à la suite de quoi elle décroche et la conversation commence… le plus souvent sur un ton tellement gentil qu’on n’aurait jamais cru qu’elle était en train de se plaindre deux secondes plus tôt.
Et quand elle raccroche, elle me résume sa conversation : « nan mais y croît quoi, lui ? » (je ne sais pas de qui il s’agit, ni ce qu’il veut, mais j’acquiesce : quel culot…), « elle m’éclate, elle » (en général il s’agit de sa soeur, ou d’une collègue avec qui dans deux minutes elle va descendre fumer et/ou boire un café ; ça me sert de signal annonciateur) ou encore « ah ces enfants je te jure » (comme je lui dis souvent, faut ptet envisager de les rendre pour s’en acheter des plus performants). Mais mon préféré reste » ‘tain j’en ai marre de ces appels ». C’est mon favori parce que, franchement, pas une seule fois elle n’a eu l’idée de couper son portable.
Du coup forcément, pour la concentration, on repassera. Mais qui peut se permettre de se concentrer sur son travail quand on a une vie personnelle si chargée ?
Non, je ne dis pas que je préfère quand elle fait l’animation et qu’elle emplit le bureau de bruits inutiles. Mais au moins elle fait à peu près illusion en restant à son poste…