« lady, ça va pas…
– Bah moi non plus ça va pas.
– Nan mais moi c’est mon père tu sais. Je vais partir en Guadeloupe en mars.
– Ah c’est bien. »
Bon, ça fait une semaine qu’elle m’en parle, quelle surprise ! Elle me raconte dans les détails l’état de santé de son père, qui est auprès de lui et qui n’y est pas, et si au début j’étais sincèrement désolée pour elle, à ce stade j’y suis devenue complètement imperméable. Il faut dire que l’entendre se plaindre à longueur de journée de ses problèmes (quoi, j’ai aussi des problèmes, moi, est-ce que je passe mes journées à rebattre les oreilles de mes collègues avec ça ? est-ce que ça m’empêche de faire mon boulot, avec le sourire, en plus ?) a fini par user ma patience et mon empathie. Quand les gens sont malheureux, j’ai envie de l’être avec eux, mais quand les gens accentuent leur air malheureux et se plaignent à longueur de temps, j’avoue que je n’ai plus envie de les plaindre, ils le font assez pour deux.
DOM THOM en rajoute constamment, et en plus, elle a la misère renfrognée. Elle n’est pas simplement triste ou préoccupée, ça la met aussi dans une humeur bougonne. Ca, plus le glandage, c’est difficile à supporter bien longtemps.
Et puis je trouve aussi particulièrement indécente cette façon d’étaler ses problèmes persos devant quelqu’un qui n’est pas une amie, mais simplement une collègue. Chaque chose à sa place.
Pourtant à l’approche du mois de mars, je suis en première ligne pour comprendre ce qu’elle ressent, mais rien à faire, je n’y arrive plus.