Je disais hier que je travaillais enfin au calme…
C’était oublier un peu vite l’épatante popularité de DOM THOM. Inexpliquable autant qu’épatante, d’ailleurs, pour moi qui ne connais d’elle que son caractère de râleuse (nan parce que si vous croyez que moi je suis une râleuse, à côté d’elle franchement, c’est rien ! elle bougonne à longueur de journée !).
Donc, le téléphone sonne très régulièrement. Hier, sa soeur a appelé trois fois. Une première où j’ai dû lui expliquer que sa propre frangine était à l’article de la mort, et que son arrêt était donc prolongé de deux jours (déjà on sent bien quelque chose de pervers là-dedans : quand elles ne sont pas au boulot, elles ne s’appellent pas, même pour se prévenir de leur état de santé, d’une absence ou quoi, rien ! C’est-à-dire que sans les deniers publics, DOM THOM et sa soeur ne se parleraient même plus… une fois de plus, vos impôts ont donc fait leur oeuvre sur le bonheur de DOM THOM). Une seconde, où elle a rappelé pour me proposer les journaux gratuits qu’elle récupère habituellement pour sa soeur. J’avais du boulot jusqu’à la gorge mais en dépit de mes efforts (vraisemblablement trop diplomates) pour raccrocher, impossible de couper au couplet sur « mais qu’est-ce que je vais faire des journaux alors, vous les voulez pas ? » suivi d’un bon appétit guilleret… lancé à 11h à peine, ya de quoi laisser sur le carreau même quelqu’un d’habitué aux frasques de DOM THOM. Me tenir la jambe 10 minutes pour ça, ça va bien, hein. Et puis un troisième, pour la route, parce qu’elle devait craindre que je ne me sente seule (c’est vrai que moi je n’ai pas pléthore de connaissances dans le ministère à appeler en pleine journée), et qu’elle voulait se faire reconfirmer la date de retour de sa frangine (ce qui confirme la théorie selon laquelle elles ne se parlent pas si elles ne sont pas au boulot… sans doute pour ne pas empiéter sur leur temps libre, j’imagine).
Il y a aussi régulièrement cette collègue qui passe la tête dans mon bureau (« elle est pas là, euh ? », euh étant le mot de code pour DOM THOM apparemment), à peu près tous les jours alors que je lui ai dit à chaque fois quand DOM THOM réintègrerait son confortable fauteuil… Celle-là ne cherche pas à faire la conversation, en fait elle en a tellement rien à foutre de ce que je lui dis qu’elle repose la même question plusieurs fois. Et parfois elle m’emprunte une agrafeuse, aussi, pour pas repartir les mains vides.
Et je vous épargne la banque, l’assurance et autres prestataires qui appellent et se trouvent interloqués de m’entendre dire qu’elle n’est pas là, et qu’il faut la joindre à son domicile ou sur son portable (mais naturellement je ne donne pas le numéro, je sais me tenir). Ca a l’air de beaucoup les choquer d’entendre ça, mais je ne sais pas si c’est parce qu’ils pensent que DOM THOM est d’ordinaire toujours joignable, ou parce qu’ils apprennent ainsi qu’en fait, tous ces appels que DOM THOM passe habituellement sont en fait composés systématiquement à son bureau ! L’angoisse ! En fait tout ce petit monde réalise que cette femme n’a pas de raison de passer sa journée à faire ses démarches persos, qu’elle travaille ! Vous imaginez le choc ?
Bref, finalement, j’en apprends autant sur DOM THOM quand elle n’est pas là. Ya quelque chose d’effarant là-dedans…