Vous avez l’impression que la rentrée a été difficile ? Vos profs vous en font baver ? Consolez-vous, c’est bien pire pour Kazumi et ses camarades de classe, dont la dernière année à l’école élémentaire s’annonce comme un Enfer à temps complet.
Pourtant l’école primaire, la plupart d’entre nous en garde un charmant et nostalgique souvenir. Et c’était bien l’intention de Kazumi aussi, qui espérait se faire des amis, s’amuser et vivre des expériences positives avant d’entrer au collège. L’arrivée d’une nouvelle institutrice tue dans l’oeuf tous ses rêves : Mme Akutsu n’a pas du tout les mêmes objectifs pour sa classe. Pour eux, le principal est qu’ils aient de bonnes notes pour pouvoir être pris aux concours des collèges privés, et tant pis si ça doit être difficile pour ses jeunes élèves dans l’année à venir.
Parce qu’on commence à suivre Kazumi dés la première scène du pilote de Joou no Kyoushitsu, on se sent immédiatement une certaine affinité avec ce petit bout, adorable petite gamine plutôt normale, mais qui, on s’en rend vite compte, est vite effrayée et intimidée. On voudrait la cajoler et la choyer, parce qu’on sent bien qu’elle est à la torture pendant tout l’épisode, mais le discours de son professeur fait appel à une certaine conscience chez le téléspectateur qui remet un peu les choses en perspective.
Car, non, Maya Akutsu n’est pas une sadique dans l’âme. Si elle interdit à ses élèves d’aller aux toilettes pendant les heures de cours, si elle instaure immédiatement une hierarchie entre eux (basée sur les notes d’un examen qu’ils ont chaque lundi), et si elle transforme la responsabilité de délégué de classe en damnation humiliante et dévouée aux pires corvées, ce n’est pas pour brutaliser ses élèves. Non, s’ils sont traumatisées, c’est juste un bonus…!
Dés leur premier jour, plutôt que de leur souhaiter la bienvenue dans sa classe pour cette nouvelle année scolaire, elle préfère au contraire leur expliquer que la vie est dure, que seulement 6% de la population nippone, qui a beaucoup travaillé pour en arriver où elle est, peut jouir de privilèges dus à une excellente condition sociale. Les 94% restants mènent en revanche une vie laborieuse, où ils doivent travailler beaucoup pour un salaire relativement décent, et payer des impôts lourds.
Le constat social balancé à ces têtes blondes d’à peine 10 ans est déjà peu réjouissant, mais évidemment il est donné dans un but bien précis : faire prendre conscience aux élèves que la vie n’est pas facile, qu’il leur faudra travailler beaucoup et n’espérer aucune complaisance de sa part… Les forts en thème auront des privilèges, les autres vont en chier !
Un discours aussi pragmatique (déprimant, mais réaliste finalement) est un sacré ovni lorsqu’on est habitué aux séries japonaises habituelles, où on reste au maximum dans le politiquement correct, à plus forte raison sur le tissus social du pays. Et surtout le contexte dans lequel il apparait est pour le moins surprenant, puisque la plupart du temps, dans un dorama, un enfant est un être innocent vivant dans un univers protégé du monde adulte, et qu’on essaye de préserver. Là c’est même pas la peine d’espérer, c’est le contraire. Et à travers les reproches du professeur Akutsu à ses collègues, on sent bien que c’est là une autre critique de la société qui s’insinue : on ne prépare pas les enfants à ce que sera leur vie d’adulte. Qu’on soit d’accord ou non avec ce point de vue, force est de reconnaître que ce n’est pas un discours qu’on entend souvent.
Un petit bémol cependant : le jeu des acteurs de ce dorama manque dramatiquement (!) de nuances. La petite qui joue Kazumi n’est pas mauvaise évidemment, elle est plutôt mignonne et assez expressive (même si terrifiée en permanence par la simple vue de son institutrice), mais elle ne parvient pas à sortir d’un certain nombre de poncifs. C’est pire encore pour le clown de la classe, caricatural au possible. Quant à la prof, c’est bien simple, elle ne donne dans ce pilote aucune épaisseur à son personnage (au point qu’on lui conseillerait bien de se trouver un petit copain et décoincer tout ça vite fait, avant de nous courir sur le haricot).
Autre bémol, mais plus léger, la forme est parfois un peu lourde. Sur 57mn d’épisode, il ya bien, allez, disons 15mn consacrées à Mme Akutsu en train de marcher au ralenti dans les couloirs de l’école et faire frissonner de peur la petite Kazumi. Dans le couloir principal. Dans les escaliers. Dans le couloir à côté de la classe. Elle hante l’établissement pendant une moitié d’épisode et c’est assez pesant, surtout qu’en dehors d’une tenue vestimentaire austère, elle n’a franchement rien d’effrayant.
Résultat : si sur la forme, Joou no Kyoushitsu ne révolutionne pas le genre, sur le fond on trouve des idées assez étonnantes. Hélas la mise en pratique, sur le long terme, risque moins de se transformer en revendication politique qu’en déclinaison des divers « châtiments » imposés par le professeur pour apprendre la vie à ses élèves.
Une fois l’étonnement passé, que reste-t-il de Joou no Kyoushitsu ? Une série assez rigide qui ne s’est pas autorisé, ou du moins pas encore, un propos réellement impressionnant, mais qui a surtout un pitch sortant des sentiers battus.
Hum… Oui… Non… Enfin si… Peut-être… Pourquoi pas… Ouais, enfin un peu tout ça à la fois quoi… Mon côté sadique aurait envie d’essayer, mais faudrait que ce soit fait sur un ton humoristique je crois… Et bon, ça n’a pas l’air d’être trop le cas… Pourtant… Non, j’ai pas trop envie de déprimer avec ça… (Par contre, le générique a l’air sympa… lol).