D’accord, ya pas eu de post vendredi. Mais sachez que ce n’est pas ma faute, j’étais partie pour poster, quand un complot international m’en a empêchée, me bloquant à 99% de la merveille que j’avais prévu de tester, et ce pendant plusieurs heures.
Comment ça, j’aurais pu parler d’autre chose ? Moui, m’enfin, auriez-vous vraiment aimé un post bouche-trou ? Certes non…
Me voici donc devant vous, avec un jour de retard, mais pleine de bonne volonté, pour vous parler de Mad Men, la série qui fait battre mon coeur depuis une heure environ, et pour un bon bout de temps encore, puisqu’elle est désormais élue « série que je vais m’empresser de surveiller attentivement ». Ce seront 13 délicieux épisodes et je peux vous promettre que je vais savourer chacun sans retenue aucune !
Certes, le pilote met du temps à démarrer. On va être honnêtes : c’est parfois légèrement frustrant au début. D’autant que j’arrivais dans cet univers sans vraiment en savoir grand’chose, et les rares résumés que j’avais lus n’étaient pas vraiment clairs ni détaillés ; je ne commençais donc avec aucune idée préconçue, mais pas avec beaucoup de matière pour comprendre l’action non plus…
Heureusement, on se laisse faire pour plusieurs raisons, et la première me concernant, ç’a été le contexte historique, une époque dont je raffole et qui m’évoque, comme à pas mal de monde je pense, le summum de la classe. J’ajoute qu’on trouve dans cette série assez peu de musique, mais qu’elle participe toujours, à la perfection, à rendre l’environnement plus « typique », si bien qu’à la fin de l’épisode, j’étais à deux doigts d’aller me mettre des rouleaux dans les cheveux et me peindre les lèvres en rouge vif, comme les canons de beauté du moment. Ajoutez à cela le charme ravageur de Jon Hamm, dont le regard ferait fondre n’importe quelle femme, sans qu’il n’ait besoin d’en faire des tonnes, et vous obtenez un ensemble charmeur qui permet de passer les longueurs du début sans aucun problème.
Fort heureusement, passées les scènes d’exposition quelque peu longuettes, on commence à comprendre la dynamique des choses, les subtilités du personnage principal (qui s’étoffe encore plus, un peu brusquement, en fin d’épisode)… mais malgré cela, je trouve qu’on reste pénétré d’un certain mystère tout au long de ce pilote. Le spectateur évolue dans un monde finalement assez opaque, où sous des dehors raffinés et arrogants, se cachent des personnages assez complexes que le seul pilote ne parvient pas à rendre plus accessibles. Loin des poncifs de narration habituels, où on nous donnerait une clé pour s’impreigner des personnages et les faire devenir, d’une certaine façon, un peu sympathiques, on a ici l’impression que rien n’est fait pour rendre les personnages aimables, ou pour montrer leurs motivations sous un angle plus clair -la nouvelle secrétaire, Peggy, en est un exemple flagrant.
L’impression qui ressort de Mad Men, c’est d’avoir pénétré un autre univers, d’avoir fait un réel retour dans le temps, et de devoir faire la part des choses d’un coup. Parfois, le plongeon dans un monde obsolète est un peu trop évident et maladroit (genre la machine à écrire qui est tellement technologique qu’il faut pas en avoir peur…) mais le plus souvent c’est au spectateur de comprendre que ce que lui tient pour évident ne l’était pas à l’époque de Mad Men. La série n’emploie aucune facilité et c’est à nous de comprendre ce qui est évident, et ce qu’il l’est moins, ce qui est ordinaire, et ce qui l’est moins. Cela participe aussi à la magie de la série…
Le plus intéressant au niveau intrigue, reste la carrière de Dapper, les contrats qu’il a à gérer. La scène (hélas elle n’apprait qu’en début de second tiers) où, d’une certaine façon, il réinvente la publicité, est saisissante et brillante. On se doute, sur le plan structurel, que ce maître de la publicité va sauver la situation et avoir la clé du problème, mais on s’imagine simplement qu’il va trouver une idée qui va plaire au client. On ne s’attend pas un seul instant à ce qu’il sorte du néant un concept qui renouvelle la publicité, qui sorte des chemins de pensée habituels de son univers et qui, de façon peut-être un peu visionnaire, ouvre une nouvelle voie à sa profession…
Ce que sous-entend aussi Mad Men, c’est une certaine idée de l’Amérique. D’une certaine façon, c’est un peu la série qui nous montre comment les publicistes ont a la fois modelé le rêve américain, dans un sens assez pervers… Les quelques répliques subtiles sur ce que les publicites font ou ne font pas, sont l’équivalent des blagues d’avocat, et moi qui en suis friande je n’y ai pas non plus résisté.
Concrètement, je ne suivrai pas (pas encore ?) Mad Men pour ses intrigues, dont on imagine qu’elles seront faites d’alcool, de sex et d’argent, même si elles nous donnent à découvrir des personnages complexes et assez différents de ceux qui ont le vent en poupe actuellement dans les dramédies, dont la lecture est assez simple et accessible à toutes sortes de télespectateurs. Ici Mad Men n’est pas à la portée de tous, elle exige une certaine patience, une certaine concentration, et sans doute aussi d’être de bonne volonté pour se laisser emporter à une autre époque, mais c’est réellement un bijou et aucune conspiration mondiale ne m’empêchera d’aller au bout…