Sang qu’tu as ri !

25 juin 2007 à 17:04

Les webisodes et autres webséries, on va en voir de plus en plus, c’est évident. Alors lançons-nous dés maintenant, comme ça c’est fait, on pourra pas dire qu’on a été à la traine (personnellement ça me fera du changement, vu que j’ai toujours trois trains de retard sur ce qui se passe). Du coup, Sanctuary, c’est le truc hype du moment qu’il faut aller voir, puisque ça se passe sur Internet.
Ah, Internet, ça change tout !!!

Ah oui euh nan, en fait, ça change quoi ? Eh bien ça change un pilote, déjà.
Les scènes d’exposition ? Ca appartient au passé ! Bon d’accord, on a droit à une intro de 5 minutes qui n’explique strictement rien, présente à peine les personnages, le contexte, bref ça va un peu dans tous les sens, mais comme c’est très esthétique, que l’action donne quelques picotements (pas encore tout-à-fait des frissons, faut pas pousser) dans le dos et que, bon, c’est Amanda Tapping, on est contents. Mais post-générique, c’est toujours aussi bordélique, et on brasse un peu de tout : cauchemar, interrogatoire musclé, petite confession qui fait peur, autopsie dans le noir, scène mystérieuse sous la pluie… Oui, ça va très vite, et c’est normal quand on a un pilote de 17 mn !!!

Bon, je suis de mauvaise foi. Le site de la série proclame que le pilote fait 2 heures, et donc, il a été scindé en plusieurs webisodes plus courts. Mais avouez que se mater 17mn d’une série « dramatique » de science-fiction, sans avoir un réel fil conducteur, une structure complètement dérangée (au lieu de trois actes on en a en fait un seul), et même pas vraiment de présentation des personnages ou du contexte, ça laisse tout de même un goût amer dans la bouche, en attendant la suite !

Alors, du coup, oui, regarder une websérie, ça change la façon de regarder les séries. Pourquoi ? Parce qu’à la télévision, on tombe sur un épisode, ou bien on programme sa soirée pour en regarder un, mais dans les deux cas, on a une démarche attentiste. Vous pouvez, évidemment, avoir lu un résumé dans votre programme télé, ou bien encore vous être fait spoiler à mort sur un forum ou dans un magazine spécialisé. Mais dans tous les cas, vous êtes passif. Même dans le cas de figure où vous auriez cagoulé une série créée pour la télévision sur Internet, vous êtes tout de même dans la position de la dépendance.

Le simple fait que la série soit diffusée uniquement sur Internet change cela, parce que vous avez été sur le site officiel pour télécharger/acheter la série. Et sur le site officiel, on ne vous donne pas la video toute crue, non, il y a une ambiance, au minimum, et puis un résumé si vous savez vous servir d’une souris et vous le savez, puisque vous êtes arrivés là. Et puis comment y êtes-vous arrivé, sur ce site officiel, d’ailleurs ? Parce que vous avez lu un article dessus, non ? Une news, quelque chose ?
Bref, le contenu de la série vous a forcément été dévoilé AVANT que vous ne posiez les yeux sur la série en question. Même partiellement. Vous vous retrouvez avec un contexte qui fait que vous en savez déjà un peu sur la série au moment où vous commencez à la regarder. A vrai dire, lorsqu’on lit le résumé du site officiel (les non-anglophones seront ravis de savoir qu’une adaptation est dispo sur SeriesLive), on en sait plus qu’en regardant ce pilote de 17 minutes, parfaitement, j’insiste.

Est-ce là une aventure réellement interactive ? Pas vraiment, bien-sûr. Pas sur ce point.
Mais c’est tout de même suffisamment proche du parti-pris artistique pour piquer ma curiosité. C’est intéressant de parier sur la curiosité et le parcours du webctateur, pour s’autoriser des ellipses, en fait, et parvenir à ficeler un pilote de 17 minutes, plutôt propre, plutôt soigné, plutôt intéressant… Mais évidemment, le gros défaut de ce même parti-pris, comme je le sous-entendais plus haut, c’est qu’il y aussi une impression de brusquerie, de mélange de recettes, d’absence de profondeur. Evidemment, mis bout-à-bout, les petits tronçons du pilote formeront probablement un ensemble compréhensible. Je ne le sais pas encore à l’heure où je vous parle. Mais l’expérience a de quoi rendre perplexe tout de même.

Sanctuary serait donc une série qui ne fonctionnerait que dans son contexte ? Après tout, vous ne pouvez pas la regarder « par hasard », sinon vous ne pigeriez rien. Vous ne pouvez pas la regarder sans avoir déjà googlé un peu sur elle, lu les pages du site officiel, sinon vous seriez à la ramasse. C’est une série dont on achète les épisodes mais qui pourtant n’est pas juste un produit qui se consomme : elle exige de vous de la curiosité, de l’intérêt…

Reste à savoir si c’est réellement un parti-pris artistique, ou une solution de facilité.
Reste à savoir aussi si une série contextuelle, bien qu’était un concept novateur (et en admettant que ce soit ici le cas), a de l’intérêt pour le spectateur, si ça n’est pas trop contraignant d’être obligé de se plonger dans le contexte plutôt que de le faire par plaisir, après avoir été séduit par les premières images.

Dans l’ensemble, ces 17 malheureuses minutes (oui, j’enfonce le clou) ne sont pas mauvaises, évidemment. Esthétiquement, c’est léché (et encore heureux puisqu’apparemment pas un décor n’existe, tout a été tourné sur fond vert… ce qui explique le nombre de scènes dans le noir ou la pénombre, ça simplifie sans doute la vie des mecs des effets spéciaux) et plutôt agréable. Amanda Tapping est toujours aussi jolie, même avec des cheveux noirs dont on jurerait qu’elle a scalpé Claudia Black pour les avoir. Le petit monstre qu’on nous présente rapidement (très !) dans le pilote a l’air d’être bien fun. Le petit médecin tout mignon tout intelligent tout largué est, c’est obligé, sympathique (et tête-à-claques mais l’un n’empêche pas l’autre, limite au contraire). Mais dans l’ensemble, ça manque quand même de substance. Et surtout, l’ensemble a un ton assez emprunté (c’est dû, sans doute, à la présence d’accents anglais, mais pas seulement)…

Sanctuary, finalement, a une énorme marge de progression. C’est ce qu’il faut se dire au vu de ce pilote très superficiel.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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