Les pilotes de l’année prochaine commencent à être parachutés çà et là et c’est une bonne occasion pour faire un raid dans ce qui nous tombe sous la main, et ainsi se faire un avis. Histoire de se préparer un planning de rentrée en rang serré…
Army Wives est mon sitcom coup de coeur du jour. Les gars qui en ont eu l’idée n’ont rien inventé mais ont su repêcher les meilleurs concepts des séries drôles du moment ; on y retrouve une idée que je pensais voir se développer avec The Unit mais que l’abus de testostérone n’a jamais vraiment permis de voir se développer : la vie de ces femmes qui restent à la maison pendant que leurs maris se battent au loin. Ici on n’a pas l’air d’accorder de réelle attention à ce qui se passe dans ce fameux « au loin », en tous cas seulement par propos rapportés : pas de bravache, pas d’actions d’éclat. Nous vivons donc à temps complet sur la base avec toutes ces épouses (et un époux) de fringuants militaires.
Chaque femme de soldat apporte son lot de grosses rigolades, avec évidemment en star Roxy, la nana tirée du caniveau par son militaire de jeune mari, et qui débarque sur la base comme un chien dans un jeu de quilles. Elle n’était pas bien partie pour se faire des amies ; il faut dire que se ballader en string dans les toilettes d’une réception cossue dés son premier soir, ou travailler comme barmaid, ça donnait bien le ton et ce n’était pas exactement faire couleur locale. Mais Roxy ne s’embarrasse pas tellement de convenances. Ca vaut mieux pour elle.
On trouve aussi Denise, femme d’un officier extrêmement sévère et qui présente de curieuses marques de violence… Mais évidemment ce n’est pas son mari qui la bat, ç’eut été trop facile. Au lieu de ça on aborde un autre tabou : celui des ados qui battent leur mère. Si on ne riait pas aux éclats devant les ventouses usées de Catherine Bell, on pourrait éventuellement prendre au sérieux ce sujet mais il n’en est rien, car son jeu d’actrice confine au pathétique ce qui devrait être poignant et douloureux. Cela dit elle est vite reléguée au second rôle par son amie Claudia Joy.
Claudia Joy qui se révèle être une grande dame du monde, habituée à recevoir, sauf qu’elle a un gros défaut : elle est terriblement ambitieuse et arrogante. Ce qui pour l’instant, ne lui amène pas trop de soucis, mais ça ne saurait tarder puisqu’elle s’en prend frontalement à une femme très importante qui ne le lui envoie pas dire. Gags à venir dans cette direction également.
N’oublions pas le double quota de service : Roland, qui n’est pas militaire mais époux de militaire, sa femme venant juste de rentrer de mission. Il est psy ? Ca va servir ! Sa femme a justement du mal à vivre le retour au pays, et pire encore, à assumer ses actes en terre étrangère. C’est également une bonne pâte toujours gentil avec tout le monde et serviable. Bah oui, quand t’es black et que c’est ta femme qui porte la culotte, tu la ramènes pas quoi…
Et enfin, last but not least puisqu’interprétée par la plus ravissante des comédiennes méconnues (ou disons, dans mon Top10), la jeune Pamela remporte la palme du personnage inventé en salle de rédaction un jour de beuverie. Tenez-vous bien : une ex-flic qui a arrêté de travailler pour suivre son mari sur la base, et qui pour ramener de l’argent à la maison, devient mère porteuse ! Jackpot !
Ce qui manque à Army Wives ? Une cure de désintox. Car beaucoup d’idées dans ce drama sont très culottées et tiennent, en environ 40mn, de la surenchère la plus basurde, se concluant, désolée de vous spoiler, sur un accouchement exécuté en toute hâte sur un billard -le jeu, pas la table médicale. C’est sur cette scène proprement surréaliste (avec quelques détails dont, tout de même, je vous laisse découvrir tout le croustillant) que se clôt ce pilote tiré par les cheveux.
Ah, au moins, Army Wives n’est pas de ces séries aseptisées prêtes à redorer plus que nécessaire le blason proprement lustré de l’armée américaine. Mais c’en devient presque dommage, car les rares histoires dramatiques sont complètement survolées (la femme battue par son fils, la militaire qui a du mal avec la teneur de son job…) pour s’apesantir sur le côté complètement loufoque des intrigues à la mords-moi le noeud qui vous font vous tordre de rire.
A l’heure actuelle, je ne suis pas certaine qu’Army Wives fasse exprès de faire rire à ce point : on dirait plutôt qu’il y a eu volonté de sortir d’un certain nombre de poncifs, mais sans réussir à tous les éviter, et de proposer des personnages un peu nouveaux, dans des intrigues un peu nouvelles. Le résultat tient, je le répète, de la surenchère, et confine au ridicule par moments. Reste à voir si Army Wives, et c’est finalement un joli défi, parviendra à mieux concilier expérimentations scénaristiques et réelle dramaturgie, comme certaines séries dont elle pourrait se réclamer l’héritière, Desperate Housewives par exemple.