Bien que nous ayons un peu ralenti la cadence (pas d’épisode depuis environ une semaine), mon homme et moi regardons actuellement la première saison de Babylon 5. Une série engagée politiquement qui fait autant de bien à regarder en ce moment qu’un épisode avisé d’A la Maison Blanche. Souvent je suis frappée, dans ces deux séries, par l’aptitude à dénoncer certains discours. Mais en ce moment, c’est celui dénoncé dans plusieurs épisodes de Babylon 5 qui me touche plus particulièrement.
Je résume la situation : on est loin dans le futur, les hommes et les extra-terrestres (plusieurs races extra-terrestres, d’ailleurs) se sont longtemps battus, la guerre avec eux s’est enfin achevée et la station Babylon 5 (5e construite, dernière encore debout) a été créée afin, si possible, d’éviter que ce genre de choses se reproduisent. La diplomatie des plus grandes nations de l’univers vit donc sur la station et réagit aux problèmes des uns et des autres. Chacun à sa façon, chacun selon sa culture.
Au milieu de tout cela, il reste encore les humains mais dans ce monde-là, les humains, ils sont légèrement en minorité. Pourtant c’est eux qui contrôlent la station (le commandant prend ses ordres de la Terre, et l’équipage est intégralement humain). Sur la Terre, nombreux sont ceux qui pensent que les extra-terrestres on trop de pouvoir et qu’ils vont conduire à la ruine de l’humanité.
Les propos et actes d’origine raciste à l’encontre des extra-terrestres se manifestent plusieurs fois dans cette première saison. En vrac, on essaye d’assissiner ou humilier certains représentants des communautés extraterrestres, on complote pour tuer le président terrien (en visite sur la station) en faisant croire que l’attentat est d’origine extraterrestre, on tente d’enrôler des pontes de la station (dont le commandant) pour assurer la puissance du mouvement.
Souvent, les messages de haine envers les extraterrestres font froid dans le dos. Ils font froid dans le dos, parce que si on ne change que les noms de communautés, on les a déjà entendus. Et on les entend encore. Ils font froid dans le dos parce qu’au fil des épisodes on sent bien que ce qui se passe entre les races humaines et extraterrestres ne se fait pas que sur la station. Les gourvernements et les populations ont des griefs bien précis les uns envers les autres et il se passe tout de même des choses, là où le merveilleux commandant Sinclair n’a pas de prise et ne peux trancher de façon équitable, hors de sa juridiction. Ils font froid dans le dos car avec les épisodes, on sent que le monde bascule tout autour et que ce n’est qu’une question de temps avant que Babylon 5 ne soit même plus une repère de Paix et de diplomacie. La station peine déjà à avoir un véritable rôle dans les rapports entre les communautés, mais on sent bien que ce qui se passe ailleurs échappe à son contrôle et aura un impact sur elle.
La station sera-t-elle un échec ? Pas forcément (je vous le dirai quand on aura avancé dans la série), mais si elle n’existait pas, il n’y aurait plus d’espoir d’entente, plus d’espoir d’amélioration des relations entre les différentes races. Cela dit, on sent bien qu’elle s’apprête à traverser une zone de fichues turbulences.
Ce qui est important, c’est la ferveur avec laquelle le commandant tente de rester juste, de respecter la complexité du monde qui l’entoure, de prendre en compte la subjectivité de chacun et trouver un compromis, sans tomber dans aucune forme de racisme, de ségrégation, ou de parti-pris. L’effort est louable même si on sent que ses valeurs ne sont pas faciles à porter, pas faciles à communiquer. L’idéal que porte la station Babylon 5 est aussi un enjeu, dont dépendent les populations de chaque communauté, et il faut s’y tenir, même si c’est dur, même si on n’arrive pas forcément à voir les améliorations au premier regard, l’effort doit se poursuivre et si ce n’est pas le cas, on ouvre la porte à des dérives ignobles.
Dans le monde où vit Sinclair, la haine de l’autre, l’envie de garder obstinément ses positions sans concéder qu’elles puissent cohabiter avec celles des autres, sont le véritable danger auquel il faut faire face, et on ne lutte pas contre ce danger avec des phasers. Il faut faire preuve de ce qui semble être pour certains du laxisme, pour d’autre un dû, et tenter de faire cohabiter les différences.
Et pourquoi un terrien serait-il capable de tant d’impartialité, me direz-vous ? Il a été terrien, il s’est battu pour la Terre pendant la guerre, comment pourrait-il juger avec clairvoyance ? Simplement parce que Sinclair a des idéaux et qu’il tente de s’y tenir. Que ses idéaux-là sont plus forts, et qu’il n’est pas ce qu’il a fait dans le passé.
Parce que l’alternative que proposent les autres prises de positions ne peut mener qu’à la perte de l’unité du monde, Babylon 5, c’est la série-médicament à consommer dans la semaine qui vient, urgemment.
Et pour ceux qui manquent cruellement de culture (c’est la semaine pour s’y mettre) : la fiche Babylon 5 de SeriesLive.
Ceci n’était pas un post politique. Ceci en est un, en revanche.