« Bonjour, je m’appelle lady, j’ai 25 ans et je suis pilotovore.
– Bonjour lady ! »
C’est pas facile tous les jours d’être téléphage, mais alors, être pilotovore, c’est un cas particulier (genre maladie orpheline), vraiment pas évident à gérer. Tout a commencé lorsque j’ai développé les premiers symptômes de la téléphagie, il y a une demi-douzaine d’années environ. Jusque là, la maladie ne s’était pas trop déclarée. J’avais eu quelques états alarmants, comme lorsque Canal+ a commencé à diffuser Invasion Planète Terre, et effectivement on aurait pu peut-être établir un diagnostic avancé à ce moment-là, mais non. Mais comme la majeure partie du temps, il n’y paraissait pas, ça restait sans gravité. Mais lorsque vraiment j’ai eu des accès de téléphagie aigue, avec enregistrement quasi-compulsif de tout ce qui me passait sous la main, et que j’ai décrété que j’allais essayer de voir au moins un épisode de chaque série (de préférence américaine) de ce bas-monde, et dans la mesure du possible, faire en sorte que cet épisode soit un pilote… là vraiment, j’ai atteint le point de non-retour.
Bon bah, bilan, plusieurs centaines de VHS à la maison (enregistrées main ou achetées). Plus les coffrets DVD, que je ne compte pas. Ouais, quand même. Indexation perpétuellement en cours. On ne connaîtra sans doute jamais vraiment le nombre exact de séries en ma possession. Et la téléphage gravement atteinte en moi jubile à l’idée que, peut-être, un jour, j’aurai amassé plus de séries que je ne pourrais matériellement en voir.
Nan, j’avais prévenu, quand même. Je suis téléphage. Je vous l’avais dit !
Et donc, téléphage-pilotovore. Restez, ce n’est contagieux que si je vous fais voir certains épisodes.
Si je n’étais que pilotovore, ça irait. Je chercherais avidement un pilote, le regarderais, et passerais au suivant. Or, je suis aussi téléphage, ce qui implique que souvent se pose à moi la question « bon finalement, est-ce que je vais me borner au pilote ? ». Dans la plupart des cas, disons, 80%, la question se résout en quelques minutes : je sais quand j’ai adoré une série, je sais quand je l’ai détestée. Mais il y a aussi une proportion de videos pour lesquelles j’hésite. Les cas où le pilote n’est pas mauvais, il n’est pas excellent, il m’inspire juste la réflexion que la série a beaucoup à dire et que ça ne peut pas se cantonner au pilote, ou, autre possibilité, qu’une certaine somme de choses ayant encore la possibilité de s’améliorer, s’affiner ou se préciser, j’ai besoin de regarder la suite pour me faire une opinion définitive.
Avec les conséquences que l’on imagine pour les problèmes de stockage qui en découlent.
Alors soyons clairs : Close to Home avait un bon pilote. Mais je soupçonnais qu’il m’avait en grande partie plu à cause, non pas de son contexte, ni de sa qualité d’écriture, mais bel et bien à cause de l’affaire sur laquelle il s’ouvrait. Damned.
Et puis aussi parce que (maintenant qu’elle ne joue plus dans des soaps je peux bien le dire), je suis folle du charme de Jennifer Finnigan. Ça reste entre nous, hein.
J’ai donc gardé mon pilote dans un coin, j’ai guetté le second, je l’ai regardé… et zut de zut, je ne sais toujours pas. Là, ce n’est résolument pas le sujet de l’enquête qui m’a eue, parce que franchement c’était bateau. Mais je me sens comme Gina au moment de la fusillade dans A la Maison Blanche : j’ai vu quelque chose, mais je ne sais juste pas quoi.
J’ai peut-être tout simplement vu la lumineuse Jennifer Finnigan. Mais non, je sais pas, il y a définitivement autre chose. Alors me voilà en train de m’apprêter à regarder le 3e épisode. Et ça pue, parce qu’à partir du 3e, les chances que je décrète que maintenant il est trop tard pour arrêter de regarder la série vont se réduire quasiment à néant. Ce qui fait qu’au final, je vais regarder une série honnête mais pas fabuleuse, sans vraiment savoir pourquoi, avec toujours dans un coin de ma tête, la question : mais nom d’un chien, qu’est-ce qui me plaît tant là-dedans ? Pourquoi je regarde ?
Et pourquoi je suis infichue d’effacer mon épisode après ? Oui parce que, oui, je vous ai pas dit, mais j’ai ça aussi, comme problème. Je n’efface que par rage ou par erreur. Je vous raconterai ça une autre fois, là, j’ai mon épisode 3 tout prêt tout chaud.
Combien j’espère qu’il sera décevant et médiocre !