On apprend aujourd’hui via SeriesLive que les créateurs de Lost faisaient leur réunion de brainstorming annuelle et se sont donc, inquiétés de la tournure de leur série. « Citant en exemple la série The X-Files, les producteurs ont dit que c’était ce qu’ils ne voulaient pas faire :
une bonne série qui a duré deux saisons de trop et qui est partie dans
tous les sens. »
C’est bien triste qu’ils y songent pas loin de trois ans trop tard. Car dés le début de la seconde saison, limite dés la fin de la première, on sentait pourtant bien que justement, c’était déjà le problème. Mais voilà : J.J. Abrams, comme beaucoup de créateurs productifs, ne tient plus en place, et les choses se sont tellement activées pour lui ces dernières années au ciné comme à la télé, on ne peut pas vraiment lui reprocher d’avoir délégué un maximum. Gros soucis : il n’a rien appris de l’expérience de ses aînés.
Tiens : David E. Kelley, par exemple. Un homme très doué, avec un univers véritable, un style bien à lui et quasiment, si ce n’est l’invention, au moins à lui tout seul le développement d’un genre entier… mais hélas, un gars avec des clous sur sa chaises qui n’est pas capable de se consacrer à une série correctement et durablement. Combien de ses shows en ont pâti ? On va dire : quasiment tous. Le problème lorsqu’on a les yeux plus gros que le ventre, c’est que pour raffler la mise, que ce soit financièrement, ou juste côté gloire, c’est qu’il faut déléguer non pas l’écriture courante des scénarios, ça fait bien longtemps qu’on travaille par pool d’auteurs maintenant sur la plupart des séries de toutes façons, mais surtout on n’est plus là pour donner des directions à l’intrigue, quand on se fatigue encore à donner un fil rouge à une saison ou une série. Alors on délègue sur le plus important.
Dés lors plus rien ne distingue le créateur de la série du gars qui s’est contenté de dire « ah ouais on dirait qu’il y aurait des mecs qui seraient perdus sur une île déserte, ça ferait une super série ! »
C’est exactement le problème auquel se heurte aujourd’hui Abrams, à son tour. Des bonnes idées, il en a plein, mais il en a trop. Et il faut croire que Damon Lindelof et ses autres comparses n’ont pas son talent… On a donc ici avec Lost un show tristement intéressant mais qui s’embourbe dans sa propre mélasse depuis bien plus que 6 épisodes, et qui fait qu’on atteint vite un stade d’écoeurement (moi, en tous cas, ça a été vite vu).
Je me demande également si tous les créateurs qui ont une idée bien précise de ce qu’ils veulent faire de leur série ont dû consulter leur chaîne pour savoir quand arrêter, adaptant leur intrigue selon les décisions de la chaîne. Quand je pense par exemple à J. Michael Straczynski, qui a toujours écrit sa série Babylon 5 pour s’étendre sur précisément 5 saisons… je me dis que s’il avait dû demander à sa chaîne l’autorisation de faire à sa guise, le show n’aurait pas eu la consistance qu’il semble avoir eue (puisque pour le moment je n’en suis qu’à la saison 1, il me faut croire les tonnes de lectures que je me suis envoyées sur la série). Pour moi c’est un preuve supplémentaire que la bande de Lost a surtout très envie de concilier l’utile et l’agréable : ils se doutent bien que la chaîne, tenant un gros poisson, va tenter de négocier au plus haut. Une jolie façon de faire monter les enchères, en somme…
Il était temps qu’ils se rendent compte que leur série part en c****. L’idée de programmer une fin est une très bonne chose, d’ailleurs il serait temps de commencer à révéler pas mal de mystères parsemés dans les épisodes déjà diffusés.