C’est bien comme ça que ça se passe, non ?
Boy meets girl. Nan, dans notre cas ce serait plutôt geek meets girl. Peu importe.
On se plaît, on tente, ça marche, on fait le pas au-dessus, ça se passe plutôt bien, on continue… De récentes conversations m’ont fait réfléchir au fait que, parfois, les choses évoluent. Tout n’est pas nécessairement voué à l’échec. On montera sans doute une ou deux marches ensemble, au train où ça va. Il a l’air de le penser plus facilement que moi. Il me lance des trucs « quand on aura plus d’argent, on prendra plus grand ».
Je le regarde, sidérée. Un homme qui parle au futur ?! Il plaisante ou quoi ?! J’en suis, dans ce domaine, à vivre au jour le jour. Un ptit fantasme de temps en temps, rien de bien méchant, mais c’est loin de m’occuper l’esprit. A vrai dire, s’il ne lançait pas l’idée, y songerais-je seulement ? Ce n’est pas que ça me déplaise (ça se passe si bien), mais c’est vraiment que ça ne m’effleure pas.
En général, là où bloque ma réfléxion, c’est à me demander : y songe-t-il par naïveté parce que c’est sa première relation sérieuse ? Ou bien est-ce moi qui suis blasée/blindée ? Les deux ? Aucun ?
Moi aussi j’avais des rêves à une époque. Moi aussi j’étais capable de ça. Cette jeune fille en moi, capable de rêver d’avenir, semble être morte quelque part entre Nantes et ici… Comme si, quand je commence à rêver à ce genre de possibilités, une flaque d’ombre se répandait en moi, et recouvrait tout d’incrédulité. Je ne rêve plus : j’espère. Avec une certaine forme d’arrière-pensée obsédante : quelle que soit la chose à laquelle j’aspire, je ne l’aurai pas.
Quand ma grand’mère était petite et qu’elle s’arrêtait dans la rue pour regarder les vitrines, sa mère lui disait sèchement : « pas la peine de regarder, tu ne peux pas l’avoir ». Yavait pas de sous et quatre enfants…
Je voudrais retrouver la fraîcheur d’esprit qui me permettait de regarder les vitrines, au moins. Après tout, ça ne coûte rien.
Elle est en plus très jolie, cette vitrine. Il y a là un homme que j’aime, avec lequel il est possible de vivre exactement comme je le souhaite.
J’hésite à regarder. J’ai peur de n’avoir pas les moyens, j’ai peur d’être déçue que ce soit hors de portée. d’une certaine façon, même si tout cela est devant moi, il y a toujours une vitre qui fait barrière. Alors c’est vrai, autant ne pas me faire du mal.
Pour le moment, nos vies n’en sont pas au point où il a quelque chose de plus à me proposer. Et nous en sommes, je crois, tous les deux parfaitement conscients. On n’aura peut-être même pas le temps d’atteindre la marche suivante, après tout, qui sait ? Pourquoi m’en faire ? Et jusqu’à la prochaine phrase de sa part, je penserait de la sorte… et ainsi de suite.
A un moment, il faudra peut-être accepter que les choses peuvent aller au-delà de ce que nous vivons maintenant. mais je n’ai pas envie de prendre le risque d’y penser pour le moment.
J’espère qu’il me laissera encore un peu vivre comme si nous n’avions pas vraiment d’avenir. Que je me préoccupe d’autre chose : de santé, de travail, de projets…
…De Noël. Les vitrines que je veux bien regarder actuellement.