J’ai menti : j’avais quelque chose à dire.
Il y a plusieurs types de gens à qui l’on ment : ceux dont on a envie de se débarrasser, et ceux dont on se soucie de ce qu’ils vont penser. Pour les premiers, on inventerait n’importe quoi pour avoir la Paix. On se fiche bien de ce qu’ils vont penser ensuite, l’essentiel c’est que le mensonge porte ses fruits sur le moment ; ce sont en général les gens dont on a strictement rien à foutre.
Et puis il y a les gens auxquels on dit ce qu’ils veulent entendre pour ne pas les contrarier, parce qu’on n’a pas envie d’être la cause d’un trouble qu’ils n’avaient pas prévu. Quand on ment à ces personnes-là, c’est qu’on se soucie d’eux.
Et le voilà mon soucis.
J’ai eu le coeur qui s’est serré dans un coin, ma gorge a manqué de naturel et j’ai senti que je n’avais plus de souffle tandis que lançais mes mots. Je suis pourtant une bonne menteuse la plupart du temps. Je luttais pour dire mon mensonge. Je ne voulais pas déranger. Je ne voulais pas dire ce que j’avais envie de dire. Ce n’étaient que des emmerdes si les vrais mots étaient sortis.
Je m’inquiète car je n’ai pas envie d’avoir envie de mentir pour protéger quelqu’un de moi, et je ne veux pas avoir à aller jusque là pour me protéger de quelqu’un. Dans l’idéal, je tiens les personnes suffisamment à distance pour ne plus me soucier de ce qu’ils pensent de moi. Dans l’idéal, je ne me laisse plus ébranler.
J’ai menti. Et ce qui m’ennuie ce n’est pas tant d’avoir menti : c’est pourquoi je l’ai fait.
J’ai laissé ces défenses tomber bien trop facilement. Et je n’ai aucune envie que ça dure. Il est hors de question d’être atteignable à nouveau, je refuse que ce soit le cas. J’aurais du dire ce que j’avais sur le coeur, trop tard, je le referme. J’en suis pas à un moment de ma vie où j’ai envie de laisser à quiconque le droit de faire partie de mes préoccupations à ce point.
Mentir, c’est mal. En tous cas c’est pas bon pour moi. Mais ne vous inquiétez pas, maintenant je ne mentirai plus qu’aux gens qui ne comptent pas. Les autres, je me contente de leur refermer la porte.