Il y a quelques semaines encore, je me demandais comment je ressortirais de cette période de ma vie. Non pas un questionnement sur le moyen (je sais bien, allez, depuis le temps, comment ; je n’y arrive juste pas) mais plutôt sur l’état. Je me demandais dans quel état je serai une fois cette période derrière moi, aussi bien mentalement (quelles séquelles) que même physiquement. Pendant longtemps j’ai craint d’être mortifiée et pleine de cicatrices, de causer quelques dommages, bien contre mon gré notez bien. Et puis… sans raison, d’ailleurs, du moins sans raison apparente… je me dis que peut-être que les choses reprendront leur place. Avec le temps. Quand des solutions auront enfin atténué la catastrophe. Forcément, les blessés couverts de sang ont l’air à l’article de la mort. Mais une fois les premiers soins apportés, et le plus gros nettoyé et pansé, on peut respirer et attester que rien d’irréparable n’est arrivé. Pas trop.
Depuis quelques jours, j’ai le vague sentiment de comprendre ce que ressent un serpent. Je me suis écorché la peau contre les aspérités du terrain, je me suis trainée sur plusieurs mètres, j’avais l’air lamentable et d’ailleurs je me lamentais, la douleur était sans nom… et puis, j’ai beau ne pas être arrivée au bout, je crois bien que j’opérais juste une mue. Je ne l’ai pas voulue, je n’ai rien contrôlé ou presque, et puis finalement je commence à me retrouver sur les quelques centimètres dénudés et brillants : ma nouvelle peau ressemble à l’ancienne, mais elle est plus solide, et à ma nouvelle taille. La majorité de mon corps n’est pas encore sortie du tunnel gluant, j’ai l’air encore piteuse mais je commence à reconnaître la forme.
C’est moi !
Je me redécouvre dans le miroir. Mais où étais-je passée ? Ca fait un bail. Je me ressemble à nouveau. Je devine comment et pourquoi les changements se sont opérés. Mais je me ressemble à nouveau et tout finira par aller bien. Pas tout de suite bien-sûr, ça ne se fait pas comme ça et la volonté seule ne suffit pas à résoudre les problèmes, mais quelque part ces derniers jours, quelque chose (et je ne saurais mettre le doigt dessus exactement) m’a ramené à ce que je croyais désormais hors d’atteinte : l’espoir.
J’avais l’impression d’avoir perdu des années, un paquet d’illusions et tout mon stock d’espoir. Mais, dans le fond, j’avais juste besoin de temps pour me remettre sur pied.
On dit que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. J’ai cru qu’en moi quelque chose était mort. C’est dire si je vais être forte une fois cette vieille peau laissée dans le fossé. J’ai plus qu’à continuer le long de ce sentier abimé, ça ne doit plus être bien loin maintenant que j’ai commencé…