Ma communauté

2 mars 2005 à 18:41

La chose est nouvelle, et en même temps, non.

Cela fait maintenant un an que je fréquente une communauté, celle des téléphages, au sein d’un forum dont je suis (j’étais ?) un membre assidu. Non que je me sois lassée d’eux. Ou plutôt : ce n’est pas vraiment que je sois lassée d’eux. C’est simplement que, alors que je pensais jouer un rôle dans la vie de la communauté, je m’aperçois que j’y ai joué un rôle, ce qui est foncièrement différent. Peut-être est-il temps de tirer ma révérence avant de ne devenir amère, ou de me sentir en reste.

Parallèlement, il y a cette autre communauté, celle que j’ai fondée, celle en laquelle je croyais moins, et elle me semble plus attirante que jamais. Au milieu des autres jpopophiles, je me sens à mon aise, bien plus que je ne l’aurais cru. Je pensais qu’on ne pouvait pas parler musique, j’étais dans le faux. Ou plutôt, en créant mon propre hâvre, j’ai pu en parler comme je le souhaitais. Peut-être aussi, sans le vouloir, suis-je en train d’y faire le tri et de m’entourer uniquement de ceux avec qui il sera plaisant d’en parler comme je le souhaite… En tous cas je ne pensais sincèrement pas que ce forum marcherait. Et il cartonne. Pas en popularité mais en qualité. Les membres y sont drôles, plaisants, subversifs, originaux, bref, je me sens bien parmi eux.

C’est quelque chose à quoi je n’avais jamais réfléchi : qu’Internet soit autre chose que de la consommation d’information mais une recherche d’une communauté idéale. En somme, dans la vie de tous les jours, il est ultra rare qu’on trouve des gens ayant les mêmes goûts que nous, et la même façon d’en parler. Et je trouvais que c’était formidable comme ça, qu’on échangeait mieux des points de vues différents et complémentaires. Mais tout en pensant de la sorte, je me suis installée dans des communautés qu’aujourd’hui je ressens comme mienne. Il y a parmi eux une majorité de gens que je n’ai jamais rencontrés (et quelques uns que je n’ai vu qu’en coup de vent), pourtant je m’en sens proche. Il y a tout de même là une certaine ironie.

Peut-on s’attacher à des gens qui n’ont pas de présence réelle ? Qui sont l’image d’une société idéale où il n’est pas besoin de lutter pour se faire reconnaître, où nos goûts, au lieu d’être décriés, sont partagés ? Concrètement, je m’étonne de l’importance que ces gens, que ces discussions, ont parfois pour moi. A quel point je suis capable d’être bouleversée par leurs dits, parfois. Les différents niveaux de partage, aussi, entre les membres « favoris » et les autres avec qui on se contente de déconner. La hiérarchie qui se met en place dans les préférences, affiliations et autres « amitiés », rien que parce qu’on a passé plusieurs heures sur MSN.

Je pensais n’aller sur Internet que dans un plaisir égoïste, pour m’informer de ce qui m’intéresse, capturer quelques fichiers intéressants, mais je finis par passer tout mon temps avec des personnes venant d’une communauté ou d’une autre, à parler avec eux de nos loisirs ou d’autre chose, et il y a là quelque chose, finalement, d’assez angoissant. La peur, peut-être, de se sentir comme ces gens qui n’ont des amis que sur le net, qui n’auraient pas de vie par ailleurs (tiens à propos et puisque j’y pense, je travaille ce mois-ci aussi). Mais il n’est nullement question de s’en détacher !

La vie virtuelle me semble parfois bien compliquée.

par

Pin It

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.