Notre adieu est sans doute le plus beau dont j’aie jamais entendu parler. Combien de personnes qui ont vécu les 5 années les plus constructives de leurs vies côte à côte, se sont aimées, fait rire, fait pleurer, rassurées, soutenues, délaissées, appelées, parlées, touchées, suppliées, exortées, et pour finir se sont déchirées, se quitteraient sur une semaine de lune de miel, avec rires, insouciance apparente et confidences ?
J’avais raison de penser que c’est la plus belle histoire de ma vie. La plus romanesque. La plus exaltante. La plus remuante. Celle qui de bout en bout aura fait battre mon coeur – peu importe au rythme de quoi. Larmes tantôt de joie, tantôt de douleur, il m’aura fait vivre plus passionnément que quiconque. Je n’ai jamais osé imaginer quoi que ce soit de tel, et pourtant croyez-moi, mes « jeux » ne manquaient pas de rebondissements très Danielle Steelien…
Ce soir alors que nous déconnions sur quelque chose de charnel, soudain un frisson (et bizarrement au premier abord il n’était pas très agréable) :
lui – Ce serait bien qu’un jour tu me montres…
moi – J’y penserai.
lui – Il faudra que ce soit dans la semaine sinon chez ta grand’mère… bof quoi.
moi – Tu veux bien répéter ?
lui (coi) – J’ai rien dit.
Mesdames et Messieurs, sous vos yeux ébahis (bien qu’en très léger différé), il a sous-entendu que cette aventure se poursuive au-delà de la semaine. Vous le comprenez comme moi, pas vrai ? Lui-même était estomaqué. A la suite de quoi, cette seule pensée m’a tout coupé, lui c’est la pensée de ma grand’mère qui l’a refroidit, il allait se coucher mais je lui dis… « c’est dommage de finir la soirée comme ça ». Eh bien celui-là même qui tenait à se coucher tôt, celui-là même qui ne passe d’ordinaire pas une minute de rab’ avec moi, celui-là même qui avant dimanche soir m’aurait rabrouée comme c’est pas permis, celui-là a demander si j’avais un ptit DVD à nous mettre sous la dent, et l’a tendrement regardé avec moi.
Les hommes devraient faire attention quand ils nous donnent de l’espoir : on a tendance à y croire.
Et moi qui ai douté : mais triple buse que je suis, ce n’est pas qu’il ne ressente plus rien, c’est seulement qu’une fois de plus il était perdu, une fois de plus il était immature, une fois de plus il n’était pas prêt ! Comment ai-je pu me remettre en question alors que c’était si évident. En trois jours à peine nous voilà dans notre élément. Comment ai-je osé douter que je survivrai jusqu’à notre guérison ?