C’est sans doute la raison pour laquelle je persiste dans la plupart de mes sentiments. La raison pour laquelle je continue d’avoir envie de l’affection de certaines personnes, la raison pour laquelle j’ai envie d’être prise dans l’enceinte de bras protecteurs et d’y rester réfugiée, la raison pour laquelle je redoute de rencontrer de nouveaux mecs ; la raison pour laquelle je me sens à la fois infiniment forte et tellement faible. C’est peut-être cela, être féminine. Ce trait de caractère dont mon père a toujours pensé que je manquais éminemment, parce que je ne suis pas coquette.
C’est vrai, il n’a pas tort, j’ai passé le plus clair de ma vie à négliger mon apparence, et ce jusque très récemment, trois ans, peut-être quatre. Je plaide innocente, cependant : j’ai du apprendre par moi-même et le plus souvent à mes dépens à me soigner. Pensez : mes parents prennaient un bain par semaine (avec toilette quotidienne quand même, mais rapide, devant l’évier, vous voyez ?), ma mère ne s’arrangeait pas (mal coiffée, mal habillée, jamais une touche féminine)… Ce n’est qu’avec les remarques blessantes des autres que j’ai compris, au fur et à mesure, que certaines choses se faisaient : mettre du déo, se brosser les cheveux régulièrement, etc… Toutes ces choses, je les ai apprises avec les moqueries des autres. Pas de mes parents. Et je n’ai jamais été encouragée à un quelconque effort (considéré, sans doute, comme un hybride entre perte de temps et futilité) dans le sens de soigner mon apparence. En fait, la première fois que je me suis fait un reflet dans les cheveux (auburn, je me souviens), mon père m’a traitée de pute.
Aujourd’hui je suis assez exigeante avec moi-même sur ce point, mais peut-être aussi que j’ignore, une fois de plus, les standards communément admis. Je suis insatisfaite de mon poids, mais le reste me sembe bien entretenu. Quand j’entre dans ma garde-robe, j’ai un style finalement assez classe et élégant, et j’ai un certain maintien. Je ne me considère pas comme une belle femme, non plus que jolie, mais enfin, je présente bien, quoi. Et comme il a été dit maintes et maintes fois sur moi, tout se passe dans mon regard… et c’est vrai que je les aime bien, mes yeux. Il y a tout moi dans ces deux pupilles.
Est-ce que je me considère comme une femme pour autant ? Rien n’est moins sûr. De la même façon que je me sens apolitique et multipatride, comme dit dans un quelconque post précédent, je ne sais pas trop où me situer sur ce terrain. Un peu partout, en fait. J’ai un caractère fort, rentre-dedans, une grande gueule et un amour immodéré pour les blagues déplacées (rire de ce qui fait mal, utiliser instinctivement un humour propre à choquer mon interlocuteur…). Ca, c’est la part en moi que je sens comme masculine. Mais il y aussi cette part que je considère comme étant féminine, celle qui aime de toute son âme, pose sa tête entre ses bras pour étudier l’âme des gens, et rêve à quelques contes de fée (tel que « et elle eut un toit où vivre en Paix » ou « et plus jamais elle n’eut peur du lendemain », ou même mais là ça tient de l’utopie, »et depuis ce jour, elle n’eut plus jamais envie de mourir »)…
Finalement, peut-être que je préfèrerais être un homme. Avoir le droit d’être rude en permanence (et avoir les hormones qui facilitent cela). Avoir le droit de faire semblant de n’être pas humain, me blinder et attendre qu’une femme me regarde droit dans les yeux et me consacre sa vie pour m’ouvrir enfin. Et la jeter si jamais elle est capable d’aller plus loin que moi. Ca doit être si confortable d’être un mec. De ne faire de projet qu’une fois acculé devant l’évidence : le futur que l’on croyait si loin est déjà là. Moi je vis l’exact inverse : je rêve d’un futur idéal pendant que j’essaye de ne pas me rappeler que mon présent me fait horreur.
Parce que je suis une fille, je me laisse aller à des espoirs qui ne me sont pas permis. J’ai remarqué que les hommes ne s’encombrent pas de cela. Je les hais puissamment parce que je les jalouse d’être capables de ce que je ne peux pas : être répugnants est dans leur karma… Ok, j’exagère peut-être. Mais chaque fois qu’il m’a été donné de rencontrer un homme j’ai toujours été déçue par lui.
Oui, c’est parce que je suis une fille que je veux tout à la fois rencontrer une homme fiable et ne plus jamais avoir en avoir un devant les yeux…
PS : Ne pouvait être écrit qu’en écoutant KISS – Because I’m a Girl (dispo sur Teruki Paradise d’ici quelques heures)