Empêtrés que nous sommes dans nos souffrances, nous sommes forcément incapables de résoudre nos problèmes ensemble. Quand on saigne de tout son coeur, comment serait-on à même de s’empêcher de se blesser l’un l’autre ?
Peut-être que je me fais des illusions. Peut-être ne pourrons-nous jamais guérir de tout cela. Surtout lui. Il n’a jamais eu besoin de se remettre de quoi que ce soit, et je lui ai vraiment servi tous les problèmes de la Terre d’un coup. Il ne pouvait pas s’en sortir. Moi, c’est différent, je me connais, je sais comment je réagis à ce genre d’épreuves : une période de repli sur soi, une période où je panse mes plaies, et ensuite je suis repartie pour un tour. Il n’y a que la longueur de ces phases qui change. Mais lui, comment saurait-il adopter un comportement vis-à-vis de problèmes qui le dépassent, de douleurs complètement inconnues surtout pour lui qui est insondable pour lui-même !
Nous sommes tordus de douleurs, et nous n’avons pas la moindre chance de guérir côte à côté. Mais l’une de mes blessures c’est de n’avoir nulle part où aller, une autre c’est de le perdre. Si l’un guérit, l’autre sera ralenti. Ce n’est pas juste de laisser la vie gagner de cette façon.