Eloge de la mufflerie

15 octobre 2004 à 21:30

Si quelqu’un est volontaire pour m’expliquer un petit quelque chose, je suis preneuse : comment se fait-il que je m’accroche à ce type ?

Il est odieux, je hais tout ce qu’il représente, une grande partie de ce qu’il dit, pas mal de ses façons de faire m’inspirent le plus profond mépris. Pourtant, je suis toujours attendrie par les qualités qu’il a (et actuellement il en montre le moins possible pourtant). J’ai envie de continuer à le voir, lui parler, bref entretenir ce que nous avons, en pensant à un avenir qui n’a aucune raison d’être un jour. Car comment pourrions-nous vraiment cicatriser de cela ? Non, question inexacte : comment pourrait-il cicatriser de cela ? Je me connais, je sais que j’ai en moi la force d’aller de l’avant et de dire : « ce n’est pas parce que nous connaissons un mauvais moment qu’il en sera toujours ainsi ». Mais lui ? A la moindre difficulté il plie bagage. Les gens s’auto-éliminent de sa vie sitôt qu’ils lui demandent un minuscule effort, il s’en fiche royalement. Pour lui c’est ocmplètement dans l’ordre des choses que les gens auxquels on tient deviennent étrangers. Moi je ne peux pas, et je ne le veux pas non plus. Parce que tout plein de défauts qu’il soit (comme si j’étais meilleure que lui !), il a des qualités que je n’ai trouvées en aucun autre être au monde. Alors je prends patience en me disant que c’est une mauvaise phase.

Pourtant je devrais hurler. Les choses qu’il me dit, sa façon d’agir vis-à-vis de moi, tout est plus que motif valable à un meurtre bestial et passionnel en bonne et due forme. Manque profond de respect, de sincérité… Ce que depuis des mois j’attribue à de la douleur (passagère donc) s’installe, devient un de ses nouveaux automatismes. Il devient le petit riche pourri qu’il jurait ne jamais être un jour. Bien vu. Il est pourri et ne s’en plaint pas. Je le comprends, d’un certain côté : la vie est plus facile ainsi. Ne pas se poser de questions. Attribuer le mal aux autres. Vivoter et se laisser aller. N’avoir aucune vie intérieure. Piétiner tout le monde au moindre coup de blues. S’excuser pour la forme. Me tripoter sans même savoir si j’ai envie.

Mon Dieu cet Ange de douceur devient le pire des muffles. Et quelque part c’est moi la cause de tout ça. Sans moi, il n’aurait jamais connu tant de déconvenues, de déceptions, de colère, de haine, de douleur. Il serait rester l’indécrottable idéaliste qu’il était il y a encore un an à peine. Le petit coeur qui ne s’était jamais ouvert et donc, n’avait pas libéré ses laideurs. C’était un puceau émotionnel, je l’ai violé.

Et si aujourd’hui je n’étais là que pour ça ? A la fois pour ce qu’il a été et pour ce que j’ai volé ? Pour ce que j’ai gâché ? Pour ce que j’ai détruit ? Un mélange d’espoir de le voir redevenir comme avant, et la certitude qu’il ne pourra pas et que je dois faire mon possible pour lui réapprendre la bonté qu’il n’a pas su garder.

Parce que je me souviens qui il a su être, et que ça me fait mal au coeur de me dire qu’il ne le sera plus jamais. Que je voudrais n’avoir pas tout démoli en lui. Je cherche désespérément les qualités qu’il avait ; il n’ose plus les montrer depuis des mois. Il s’est construit, à son tour, une de ces immondes carapaces, et il est mille fois trop tôt pour qu’il baisse sa garde.

Et je me dis que je sais ce qu’il y a là-dessous, j’ai bercé ce coeur pendant des années, je sais quelle personne il est au fond. Mais il ne veut plus jamais que cette personne s’exprime et je ne demande que ça. J’ai besoin de ses qualités, pas de ses défauts. Des horreurs fraîchement apprises de la vie me giclent à la gueule et ça fait mal à la fois d’être traitée de la sorte, et d’avoir fait tant de dégâts.

Mais c’est un tel muffle que parfois je me dis « au Diable la patience ! Je me fiche qu’il soit au fond quelqu’un de bien, je n’attendrai pas ! Je veux mieux ! »

Mais surtout pas ! Seule ma patience, mon affection sans défaut, arriveront à un petit quelque chose. Un jour, quand j’aurais tout affronté sasn faiblir et qu’enfin il ira mieux, nous serons à nouveau amis. Pas comme avant, c’est certain. Mais avant n’était pas si bien puisque c’est fini, pas vrai ? Une relation moins déséquilibrée, j’imagine. Et je me féliciterai d’avoir été d’une constance sans faille et d’avoir su attendre. D’avoir su développé ce qu’il y a de meilleur en moi pour que le meilleur en lui ressurgisse un jour.

Ca peut ne jamais marcher. Ca peut ne jamais s’arranger. Vous savez quoi ? Je respirerai plus facilement en me disant que j’ai essayé, et pas à moitié, d’à la fois réparer le mal que j’ai fait, et d’obtenir ce que je sens au plus profond de moi, depuis près de 5 ans, comme être le mieux. Jamais je n’ai ressenti cela pour personne. Ni l’envie de pardonner, ni l’envie d’avancer, ni l’envie de ne pas abandonner. Jamais. Pas même pour moi. Ce que nous avons ne doit pas succomber à cette épreuve.

Mais putain, quelle épreuve.

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